Dans ces lieux de vie sociale académique, les relations de bon voisinage ne sont pas toujours au beau fixe. La vie en communauté, souvent marquée par des gestes d’entraide entre étudiants, peut aussi se muer en zone de conflits divers qui animent les dortoirs.
Les cités estudiantines sont des lieux où les différences culturelles et sociales se heurtent fréquemment. Le Cameroun, riche de sa diversité ethnique, est un véritable « melting-pot » d’étudiants venus des quatre coins du pays et même d’ailleurs. Les tensions liées à ces différences prennent souvent la forme de rivalités entre groupes d’étudiants issus de différentes régions, parfois exacerbées par des stéréotypes culturels et des idées préconçues.
Pour Claudine Nanfack, étudiante en sciences économiques à l’Université de Douala, l’une des causes de ces conflits est le tribalisme.
« Les conflits sont souvent liés à nos origines. Les étudiants du Centre, de l’Ouest ou de l’Est ont des perceptions différentes de la vie en communauté, et ça crée des frictions. Il y a toujours du commérage, qui conduit parfois à des bagarres. Les Bamiléké ne fréquentent que leurs frères de l’Ouest », déclare-t-elle. Ces différences culturelles, quand elles ne sont pas bien gérées, génèrent des malentendus et, dans certains cas, des affrontements verbaux, voire physiques. L’un des conflits récurrents dans les cités étudiantes réside également dans la gestion des espaces communs.
Les cuisines, les toilettes et même les couloirs sont souvent des zones de friction, car les étudiants ont des manières de vivre différentes. Le manque de respect des règles de convivialité et de propreté engendre des disputes fréquentes. « Certains ne respectent pas la propreté. On doit toujours faire attention à ce qu’on laisse dans la cuisine, car les autres ne nettoient pas après leur passage. Et lorsque tu fais le reproche à une personne, elle le prend très mal. Elle commence à t’éviter. Bref, il y en a qui manquent sérieusement de savoir-vivre.
C’est très compliqué », explique Jacques Etoga, étudiant à l’École Nationale Supérieure Polytechnique de Yaoundé. Les rapports conflictuels dans les cités universitaires ne sont pas sans conséquences sur le bien-être des étudiants. Ceux qui vivent dans des conditions tendues sont plus susceptibles de développer des problèmes de stress, de manque de sommeil et de baisse de performance académique. La vie en cité, censée être une expérience enrichissante, devient alors un fardeau pour certains.
Certains étudiants se rendaient dans les salles la nuit pour démonter les interrupteurs, les ampoules et les prises électriques afin de les installer dans leurs chambres. Une autre pratique courante était la location de chambres non occupées. Les chambres vides étaient parfois attribuées par le concierge et certains aînés, qui les louaient à d’autres étudiants après des négociations. Enfin, il y avait aussi des cas de détournement de mineurs.