Les universités publiques camerounaises peinent à adapter leur modèle d’enseignement théorique aux besoins d’un marché du travail en constante évolution.
Elles ont été multipliées par 11 en 42 ans. Les universités publiques camerounaises ont historiquement suivi un modèle d’enseignement théorique et académique. Si ce modèle permet de former une main-d’œuvre qualifiée sur le plan des connaissances générales, il n’a pas toujours su s’adapter aux évolutions rapides des secteurs industriels, technologiques et entrepreneuriaux. Résultat : les diplômés se retrouvent parfois mal préparés à intégrer un marché du travail de plus en plus exigeant.
Abdoulaye T., diplômé en sciences économiques de l’Université de Yaoundé II, témoigne : « J’ai eu de bonnes notes, mais lorsque je suis allé postuler, je me suis rendu compte que mes connaissances ne correspondaient pas exactement à ce que les entreprises recherchaient. Il me manquait des compétences pratiques, comme l’utilisation de logiciels spécifiques ou une connaissance approfondie de l’économie numérique. » Ce décalage entre la formation universitaire et les besoins du marché du travail est largement observé dans de nombreux domaines.
Les entreprises, notamment celles de secteurs en forte croissance comme les technologies de l’information, l’agriculture moderne ou le génie civil, réclament des profils mieux adaptés aux réalités du terrain. Or, l’enseignement dans les universités camerounaises reste majoritairement théorique, avec une faible part d’apprentissage pratique et de stages professionnels.
Berthe N., responsable des ressources humaines dans une entreprise de télécommunications, affirme : « Nous rencontrons fréquemment des jeunes diplômés qui ont un excellent bagage académique, mais qui n’ont pas les compétences techniques ou les connaissances pratiques nécessaires pour fonctionner rapidement dans un environnement professionnel. Nous devons les former à nos propres frais. »
Plusieurs réformes ont été initiées pour combler cet écart. Certaines universités ont mis en place des partenariats avec des entreprises, proposant des stages plus nombreux et mieux intégrés dans le cursus, ou encore des formations continues en collaboration avec le secteur privé. Cependant, ces initiatives restent limitées et souvent mal coordonnées.
L’une des difficultés majeures réside dans l’insuffisance des moyens financiers et matériels. Les universités manquent de laboratoires modernes, de technologies adaptées et d’un corps enseignant suffisamment formé aux nouvelles exigences du marché. Par ailleurs, la lenteur des réformes administratives freine souvent l’adaptation rapide des programmes.
Dans cette dynamique, les 11 universités d’État du Cameroun, bien qu’engagées dans un processus de modernisation, devront redoubler d’efforts pour aligner leurs formations avec les attentes du marché et ainsi former des diplômés non seulement compétents, mais aussi prêts à relever les défis économiques du pays.