La présidente du Rapec partage sa vision et les actions de son association pour surmonter les obstacles à l’entrepreneuriat.
Quels sont, selon vous, les principaux obstacles à l’entrepreneuriat au Cameroun aujourd’hui, et comment le RAPEC œuvre-t-il pour les lever ?
Les principaux obstacles à l’entrepreneuriat au Cameroun sont, selon moi : les modalités d’accès au financement, qui sont très contraignantes. Pour surmonter cet obstacle, nous avons signé des conventions avec des partenaires financiers depuis 2020 afin d’offrir des crédits accessibles à nos membres dans tous les secteurs, y compris l’agriculture, à des conditions favorables en termes de taux d’intérêt et de garanties exigées. Nous comptons aujourd’hui sept partenaires financiers. Il y a également des difficultés d’accès aux normes, aux machines, ainsi qu’au montage des usines conformes. Les services de contrôle saisissent parfois les produits et les détruisent. Pour remédier à cela, nous travaillons avec des experts en QHSE qui acceptent de revoir à la baisse leurs honoraires. Nous collaborons aussi avec l’Anor pour faciliter la réduction des coûts liés à l’acquisition des normes, et avons établi un partenariat avec le laboratoire de l’Iut pour réduire les coûts des analyses des produits agroalimentaires. Par ailleurs, nous travaillons en étroite collaboration avec le ministère du Commerce, qui n’hésite pas à intervenir en cas d’abus de la part des agents de contrôle. Enfin, les difficultés d’accès aux incitations mises en place par l’État pour encourager l’entrepreneuriat des jeunes, telles que la Garantie de l’État ou les financements de la BEI via CCA Bank, restent un frein important. Pour pallier cela, nous avons créé une cellule de veille et de collecte d’informations qui se rapproche des autorités compétentes pour obtenir des renseignements sur les modalités d’accès à ces incitations.
Comment le RAPEC mesure-t-il son impact sur les entrepreneurs qu’il accompagne ?
C’est simple, le principal indicateur que nous utilisons est le niveau d’évolution du chiffre d’affaires et des bénéfices générés. Lorsqu’une entreprise voit sa production, ses ventes et ses bénéfices augmenter, nous savons que notre accompagnement a eu un impact positif, car c’est là la finalité de nos actions. Au Rapec, nous avons une initiative appelée les Rencontres Mensuelles du Rapec, que nous organisons chaque mois. Ces rencontres permettent aux membres de se retrouver, mais surtout de partager leurs expériences. Lors de ces événements, nous avons l’occasion de mesurer le niveau d’avancement des activités des membres.
Quels sont les plus grands défis auxquels le RAPEC est confronté dans sa mission ?
Réussir à amener les membres à se rassembler pour travailler ensemble, à mutualiser leurs compétences et les moyens à leur disposition afin de devenir plus forts ; convaincre les Camerounais de consommer des produits locaux.
Dans quelle mesure le RAPEC est-il impliqué dans les discussions avec le gouvernement ou les autorités locales pour améliorer les conditions d’entrepreneuriat au Cameroun ?
Dans le cadre du Partenariat Public-Privé (PPP), nous sommes régulièrement invités par le gouvernement, à travers les différents départements ministériels et même par les parlementaires, à contribuer à la réflexion sur les mécanismes d’accompagnement, de soutien ou d’amélioration de l’écosystème entrepreneurial camerounais. Nous menons également des plaidoyers que nous adressons au Premier ministre et aux parlementaires sur des questions spécifiques, qu’il s’agisse du Made in Cameroon ou de l’entrepreneuriat. Par exemple, nous avons initié le plaidoyer pour l’introduction des produits Made in Cameroon, notamment agroalimentaires, dans la Mercuriale, que nous avons adressé au Premier ministre. Aujourd’hui, chaque année, le ministère du Commerce introduit des produits Made in Cameroon dans la Mercuriale.
Quels sont les projets à venir pour le RAPEC afin de mieux soutenir les entrepreneurs dans le contexte économique actuel ?
Depuis 2020, nous avons travaillé avec des partenaires financiers pour rendre leurs offres de financement accessibles. Cette expérience, ainsi que les conseils avisés de M. Nikolaos Milianitis (Chef de la Représentation régionale de la Banque Européenne d’Investissement), nous ont poussés à ouvrir la microfinance du Rapec, ce que nous avons fait. Nous avons formalisé notre microfinance de 1ère catégorie, le Fonds de Soutien aux Initiatives Locales (Fosil). Dans les mois à venir, nous allons solliciter la souscription de parts par les membres ainsi que par toute personne intéressée par ce projet. Cet outil permettra d’offrir un accompagnement technique et financier, avec un volet d’éducation financière, aux entrepreneurs.