Par AVOULOU ETOUA Astride Ronny, Professionnelle des métiers de l’information et de la communication. Étudiante en cycle doctorat /PhD à l’Université de Yaoundé II
La télévision, cet imposant rectangle lumineux, trônant avec prétention dans nos salons, dispense jour et nuit des enseignements parfois douteux. Autrefois, elle était une fenêtre sur le monde, une école alternative qui instruisait sans craie ni tableau. Mais aujourd’hui, qu’en reste-t-il ? Peu de choses, hélas, si l’on en juge par le flot de programmes mis à disposition sur les chaînes camerounaises. Jadis, nous avions droit à des contes moraux et des aventures imaginatives à l’exemple de « Kirikou et la Sorcière », une ode aux valeurs africaines et au courage. Aujourd’hui, place à des personnages grotesques, aux dialogues stériles et à des intrigues conçues par des esprits visiblement en pause-café. Nos petits sont gavés de « Peppa Pig », où les cochons en bottes de pluie s’adonnent à des banalités insipides, ou de « Tom et Jerry », où la violence gratuite se déguste comme une glace après l’école. On se demande si nos enfants apprennent encore quelque chose si ce n’est de zapper avec dextérité. Et que dire des films à caractère sexuel, dont les diffusions nocturnes semblent calculées pour séduire les jeunes insomniaques ? L’éducation sentimentale se fait désormais dans des draps froissés et des jeux d’ombres suggestifs, bien loin des valeurs familiales prônées par les parents. Certes, « l’amour est dans l’air », mais dans l’air vicié de la télévision, il se transforme souvent en une caricature vulgaire, dénuée de toute réflexion sur les relations humaines.
Le clou du spectacle reste ces émissions dites « de divertissement ». Un cocktail d’animateurs surexcités, de concours avides d’instructions et de publicités interminables. Pendant ce temps, les documentaires scientifiques et les débats intellectuels languissent, relégués à des horaires où même les hiboux dorment. Les émissions comme « Scène de Presse » sur la CRTV, qui proposent des débats et des analyses sur des sujets d’actualité, sont souvent boudées par les téléspectateurs. Alors, où sont passées nos valeurs ? Où est passée cette culture camerounaise qui devait être promue et fièrement transmise aux générations futures ? La télévision, au lieu d’être un vecteur de savoir, semble s’être transformée en usine à décérébrer. Mais qui est à blâmer ? Les chaînes, avides de profits ? Les parents, qui abandonnent la télécommande ? Ou l’État, silencieux face à ce naufrage culturel ? Il est temps de repenser la programmation télévisuelle.