L’intelligence artificielle devient un atout indispensable pour les professionnels cherchant à exceller dans un environnement concurrentiel. Grâce à des innovations comme la plateforme OSIA de M. Ngaba, cette technologie promet de transformer le secteur éducatif en apportant des solutions adaptées aux besoins locaux. Frédéric Ngaba parle de son application.
Pouvez-vous nous parler de l’idée initiale derrière la création de cette application ?
En dehors des mathématiques, je suis passionné par les technologies innovantes. En tant qu’acteur clé de l’écosystème éducatif, j’ai constaté ce que j’appelle un “cancer social” à l’origine de nombreux problèmes sociaux, tels que le chômage chronique, la baisse de productivité, et le manque de compétences dans des filières innovantes en forte demande sur le marché de l’emploi. Ce problème découle d’un système d’orientation scolaire inefficace et obsolète, dès le niveau primaire. Après plus de trois ans de travail méticuleux avec une équipe de développeurs expérimentés, nous avons relevé le défi de créer la première IA générative 100 % camerounaise, appelée OSIA (Orientation Scolaire via l’Intelligence Artificielle).
Quels sont les principaux défis auxquels vous avez été confronté lors du développement de l’application ?
Comme c’est souvent le cas pour les jeunes start-ups, le premier défi a été financier. Développer une IA adaptée aux spécificités locales nécessite des fonds importants, notamment pour l’étude de marché, la collecte de données, la conception technique de la plateforme et la campagne marketing. Grâce à des concours nationaux et internationaux, dont le récent concours international d’entrepreneuriat 1XBET E HUB, où OSIA a remporté une prime de 1.500.000 FCFA, ainsi qu’au soutien de certains partenaires financiers, nous avons pu développer le prototype 1 de notre IA, qui est opérationnelle à plus de 80 %.
Comment l’application utilise-t-elle l’intelligence artificielle pour aider les étudiants dans leur orientation scolaire ?
OSIA utilise la big data, notamment les notes de classe, l’état civil de l’apprenant, et des tests psychotechniques personnalisés. Une fois les données recueillies, notre modèle de deep learning les analyse et les interprète pour produire un verdict prévisionnel d’orientation. Ce document (d’une page et demie) détaille les points forts et les points faibles de l’apprenant, fournit des recommandations pratiques pour amplifier les potentiels détectés, et propose une orientation scolaire pré et post-bac en adéquation avec ses aptitudes psycho-intellectuelles. Nous collaborons étroitement avec une centaine de conseillers d’orientation principaux, qui sont les points focaux d’OSIA dans chaque établissement partenaire.
En quoi votre application se distingue-t-elle des autres outils d’orientation scolaire disponibles sur le marché ?
Nous avons conçu notre solution en prenant en compte les limites des outils existants fournis par le MINESEC. Notre solution est innovante et numérique, capable de supporter un flux instantané de plus de 2 millions d’utilisateurs. Le produit phare, le verdict prévisionnel d’orientation (VPO), est intégré au bulletin de notes de l’apprenant, permettant aux parents de prendre des décisions éclairées sur l’orientation scolaire de leur enfant. En outre, notre chatbot éducatif, ALLADIN, répond méthodiquement en 3 secondes à toutes les questions académiques dans toutes les langues internationales. Nous avons également développé un portail numérique pour la digitalisation des archives scolaires et un call center avec une centaine de conseillers d’orientation. Tous ces services sont proposés pour seulement 3.000 FCFA par an et par apprenant, avec pour objectif principal un impact social.
Comment avez-vous adapté les fonctionnalités de l’application aux besoins spécifiques des étudiants camerounais ?
Notre premier défi était de tropicaliser notre IA. Ainsi, nos VPO orientent les apprenants vers des formations locales adaptées à leur profil psycho-intellectuel. Pour l’instant, OSIA cible les écoliers du CM1, CM2, Class 5, Class 6 et les élèves du secondaire, qu’ils soient francophones, anglophones, bilingues ou techniques. À partir de la rentrée 2025-2026, nous intégrerons les étudiants du supérieur. Notre approche est progressive.
Pouvez-vous expliquer comment l’application recueille et analyse les données des utilisateurs ?
Nos clients principaux sont les chefs d’établissement. Lorsqu’ils s’intéressent à nos produits, nous signons un protocole d’accord. À la fin de chaque trimestre, les écoles nous envoient les notes des apprenants via notre plateforme. Cela garantit la véracité des notes. Après traitement par notre IA et parfois l’avis des conseillers d’orientation, nous générons le VPO pour chaque apprenant.
Quels types de feedback avez-vous reçus de la part des utilisateurs jusqu’à présent ?
La plupart des utilisateurs sont très impressionnés par l’exactitude de notre VPO et l’efficacité du chatbot ALLADIN. Cependant, certains restent réticents à l’idée d’implémenter l’IA dans l’éducation, et d’autres, plus sceptiques, voient cette technologie comme une tentative de robotiser l’humanité.
Comment assurez-vous la protection des données personnelles des étudiants ?
La confidentialité est une priorité. Un accord de stricte confidentialité est signé entre OSIA et chaque école partenaire pour garantir que les données personnelles des apprenants restent protégées. En interne, nous avons mis en place des mesures rigoureuses pour sécuriser ces données, car nous visons à établir des relations de confiance à long terme avec nos partenaires.
Quelles sont vos stratégies pour encourager l’adoption de l’application dans les écoles et les communautés au Cameroun ?
Nous nous alignons sur la campagne de digitalisation des enseignements souhaitée par le président Paul BIYA. Nous faisons du B2B en soulignant les avantages des solutions innovantes pour le système éducatif. Jusqu’ici, 80 % des établissements réagissent positivement, mais attendent l’aval des parents, qui financent les produits d’OSIA.
Quels sont vos projets futurs pour développer et améliorer l’application ?
Nous visons à mobiliser 1.000.000 d’apprenants d’ici 2029-2030 et à nous étendre au marché international, car la mauvaise orientation scolaire est un problème global. Après le Cameroun, nous nous étendrons en Afrique, puis en Asie. Nous prévoyons d’entraîner le chatbot ALLADIN pour qu’il prenne en compte les principaux dialectes camerounais et de développer des solutions satellitaires dans divers domaines, tels que la santé, la sécurité, et le foncier. À moyen terme, OSIA facilitera également le rapprochement entre les apprenants et les employeurs qui privilégient les solutions digitales dans leurs processus de recrutement.