Lauréat du Prix Orange du Livre en Afrique en 2019, ce roman brise les tabous en dénonçant la condition féminine au Sahel et nous livre un roman bouleversant sur la question universelle des violences faites aux femmes.
Cet ouvrage de DJAILI AMADOU AMAL a été publié aux éditions Proximité, Yaoundé, 2017, retravaillé et réédité sous le titre Les Impatientes, éditions Emmanuelle Collas Paris, 2020, 252 p.
Ramla, Hindou et Safira sont trois femmes au même destin : mariée sans consentement ni amour qui vont subir la patience (Munyal) de toute femme peule africaine. Soumission, violence, interdits, viol conjugal, statut de co-épouse, être mère de nombreux enfants vont devenir leur quotidien.
Ramla souhaiterait étudier, avoir une profession et choisir son mari par amour elle essaie de se rebeller. Mais elle se voit contrainte par son père et sa famille de suivre son destin.
Hindou sa demi-sœur est mariée à son cousin, violent. Mais après une fugue, elle est contrainte à revivre dans la maison de son mari et subir toutes les humiliations. Devenue dépressive toute la communauté croie qu’elle est possédée et folle.
Safira ne supporte pas que son mari prenne une deuxième épouse belle et jeune (Ramla). Jalouse, elle veut préserver sa place de première femme et protéger ses enfants. Elle va user de manigances, supercheries, méchancetés, mensonges pour que son mari répudie Ramla. La violence entre les femmes est aussi très présente.
ce roman ne décrit pas moins la véritable condition de la femme africaine. Munyal : patience, mais aussi endurance, tolérance, persévérance et maîtrise de soi. Telles étaient les qualités que devait cultiver une fille, oups, une jeune femme, devenue trop tôt, mère et épouse. « Munyal, un mot magique censé réconforter. Supporter, jusqu’à la limite du supportable, voir au-delà du supportable. Boire la coupe jusqu’à la lie. » On assiste à un long métrage tourné dans nos rues, nos maisons, nos sociétés qui nous rapporte fidèlement ce qu’était le sort réservé à la femme. Mariage forcé, soumission, violence, viol. « Il est difficile le chemin de vie d’une femme, ma fille. Ils sont courts ses moments d’insouciance. Elle est inexistante sa jeunesse. Elle n’a de joie nulle part sauf là où elle l’aura hissée. Elle n’a de bonheur nulle part sauf là où elle l’aura cultivée. A toi de trouver une solution pour rendre ta vie supportable. Mieux encore, pour rendre ta vie acceptable. C’est ce que j’ai fait durant toutes ces années ! J’ai piétiné mes rêves pour mieux embrasser mes devoirs ! ».