Depuis le 28 juillet 2022, au moins 46 650 candidats malheureux au baccalauréat ESG sont plongés dans le silence. De nombreux autres, leurs camarades de la technique industrielle les accompagnent dans le deuil.
Comme dans les lieux de recueillement, seuls leurs cris et gémissements trahissent leur présence dans les domiciles. La douleur semble être profonde, si bien que certains tentent de se suicider. Ils ont perdu une année, des moyens, et des énergies pour rien.
D’autres versent des volumes importants de larmes, sans doute des larmes de crocodiles. Ils accusent tout le monde sauf eux, les parents irresponsables, les voisins jaloux, les grands-parents sorciers, les enseignants absentéistes, le gouvernement corrompu et inerte.
Ce qui leur fait le plus mal, ce n’est pas de manquer le train qui embarque pour entrer dans les campus universitaires où règne la liberté du style d’habillement, d’opinion, et du choix des amis et même des groupes.
Ce qui aggrave leur malheur, c’est d’avoir raté leur entrée dans les vrais bruits du Bac. Les bruits de la célébration après la publication des résultats. Une autre qualité de bruits que n’entendent que ceux qui sont dans la joie.
De jeudi 28 au soir du dimanche 31 juillet, nombreux sont ceux des 89 522 admis au Bac ESG qui sont noyés dans les bruits de la réussite. Gorge remplie de boisson, cerveau inondé d’alcool, ils tournent les reins à couper le souffle ou à renverser l’éléphant. Ils sont noyés dans les bruits de la musique par ces temps très difficiles, le son débordant de décibels.
Du coup, au risque de répéter l’appel plusieurs fois et de recevoir la réponse « je suis dans les bruits », « je ne vous ai pas toujours saisi », ne les appelle pas. Ne les cherche même pas. Il faut attendre une fois lundi ou mardi pour les féliciter.
Mais ce qui embrouille le public, c’est le « Bac bilingue » dont Shakiro a proclamé les résultats sur Facebook et qui ont noyé la toile dans les bruits du buzz, bien avant les résultats du vrai Bac, ceux que l’OBC s’apprêtait encore à vendre à 150 Francs CFA par SMS.