Sur les rayons des bonnes idées vendues sur l’école publique au Cameroun, il y a des enseignants dévoués en qualité. Une discipline assurée. Un travail acharné. Et donc un succès assuré. Mais ça c’était avant. Avant que toutes ces qualités ne volent en éclat au profit du privé.
Les parents ont alors vu des verts et non mûrs à la veille de rentrée des classes. Sentant l’école publique camerounaise dans le tourment, ils ont tenté d’inscrire leurs progénitures dans le secteur privé. La percée a été difficile voire impossible. Les responsables des établissements scolaires privées et ou confessionnels crachent de plus en plus sur des produits des lycées et écoles primaires publiques. Il n’est pas rare d’entendre ici et là : « Cet enfant n’a pas reçu un volume horaire nécessaire, pour aller en classe supérieure ».
Cette réticence vis-à-vis des enfants formés dans les écoles publiques est difficile à avaler. Mais elle se justifie par les grèves à répétition des seigneurs de la craie. Depuis février 2022, la grogne des enseignants a paralysé le déroulement normal des cours. Ils revendiquent à cor et à cri le paiement de leurs compléments de salaire, les meilleures conditions de travail, l’abolition de la fameuse règle des 2/3 et l’organisation sans délai des états généraux de l’éducation. Le gouvernement a tôt fait d’épurer une partie de sa dette envers ces maitres du savoir. Insatisfaits, ces derniers restent dans une position tranchée. De leur côté, les décideurs crient au chantage. Entre les enseignants et gouvernants, c’est le dialogue de sourds et un climat de méfiance qui règne. Le 1er octobre dernier encore, l’intersyndical de cette corporation a annoncé une grève en continu pour de nouveau handicaper la machine de l’école publique au cours de cette année scolaire à peine commencée.
Dans cette spirale, l’enseignement dans le secteur public va accélérer sa descente aux enfers, entamée l’année dernière. Quand on sait que tous les ménages ne peuvent pas se payer le luxe d’inscrire leurs enfants dans les collèges, la voie de la déperdition d’une bonne partie de la jeunesse camerounaise est très vite tracée. La jeunesse étant le « fer de lance de la nation », pour parler comme la président Ahmadou Ahidjo, c’est donc tout un pays qui est en danger. Que chacun prenne ses responsabilités.