La première édition de la « Journée de Zootechnie » de l’Université de Dschang a eu lieu les 14 et 15 mars 2025. Ce banquet scientifique a permis d’analyser le rôle, l’élevage et les usages des insectes dans approche recommandée par l’Organisation Mondiale de la Santé.
Organisé par le département de Zootechnie (Faculté d’Agronomie et des Sciences agricoles), sous le thème : «Applied Entomology And Livestock Production in One HEALTH Era ». Cette journée a été coordonnée par le Prof. Félix Meutchieye, chef dudit département. Des chercheurs de l’Afrique du Sud, de la Côte d’Ivoire, du Sénégal, du Tchad et des universités nationales du Cameroun y ont pris part. Les administrations sectorielles en charge de l’Elevage et de l’Agriculture ont également tenu à marquer de leur présence ces agapes intellectuelles. Dans le contenu, les travaux ont analysé le rôle, l’élevage et les usages des insectes dans le contexte « Une santé ». Cette approche intégrée, recommandée par l’Organisation Mondiale de la Santé, indique que la santé globale passe par l’optimisation croisée de celles des personnes, des animaux et des écosystèmes. Il faut donc trouver un équilibre entre ces facteurs afin de mieux lutter contre les maladies et prévenir des catastrophes.
La leçon inaugurale
Le Prof. Saliou Niassy, Coordonnateur de l’Inter-African Phytosanitary Council, une agence spécialisée de l’Union Africaine basée à Yaoundé, par ailleurs Professeur à l’Université de Prétoria, a délivré la leçon inaugurale. Elle s’est articulée autour du thème : « Unlocking insects’ potential for better welfare and healyh ». L’orateur, intervenant en visio-conférence, a par exemple rappelé que « Les insectes comestibles sont une source durable de protéines. Ils ont en effet une teneur en protéines brutes allant de 40 % à 75 %, surpassant celle des protéines animales (12% à 34,5%, et des protéines végétales. Dans le lot des insectes dont l’Homme peut se nourrir, environ 80 % de leur poids corporel est consommable, contre 55% et les poulets et le porc et 40 % pour les bovins.», a-t-il indiqué. Il a relevé que malgré leur potentiel nutritionnel pour l’humain, les insectes restent mal connus/exploités. Leur contribution au système alimentaire durable du continent africain reste peu documentée. Les autres communications (sous formes de panels et en sessions parallèles) en lien avec la problématique au centre de l’événement ont abordé : l’importance socioéconomique des insectes ; leur biodiversité et leur écologie ; leur production en masse et leur élevage ; leur lien avec le concept « Une seule santé ».
Le Dr Julien Azoutane, sur la problématique du « One health », a par exemple mis en exergue la dangerosité des modes de capture des criquets comestibles à Ati, au Tchad. Les populations y utilisent en effet des pesticides pour le faire. La conséquence qui en découle est la dégradation de l’environnement d’une part, et d’autre part, une forte prévalence des maladies liées à la bioaccumulation des toxines chez les consommateurs. Cet enseignant-chercheur de nationalité tchadienne a relevé des risques cancérigènes chez les consommateurs de ces criquets. Il recommande la technique de « bande de feu » pour la capture de ces insectes. En levée de rideau de ces deux jours d’échanges scientifiques, Dr Georges Macaire Eyenga, politiste et Chef de l’Unité de Recherches politiques, sociales et stratégiques (URPOSSOC) de la Faculté des Sciences juridiques et politiques de l’UDs, a entretenu les participants sur les notions de « policy brief » et du « Small Grant Writing ».
Les participants et autres doctorants en Biotechnologies et Productions animales et les enseignants-chercheurs venus pour la circonstance ont retenu qu’écrire un policy brief, c’est traduire ses résultats de recherche en un langage et une forme accessibles aux décideurs et responsables des organisations. Ils ont surtout pris acte, sur la base de l’expérience personnelle de l’orateur, de ce qu’il y a beaucoup d’argent dans le monde de la recherche. Les techniques du «Small Grant Writing» permettent d’aller capter ces sommes. Notons également qu’un espace d’exposition a été aménagé.
Il a accueilli une quinzaine de professionnels qui ont exposé leurs produits à base d’insectes ou issus de l’activité de ceux-ci. Ils nous ont permis de réaliser le potentiel économique de l’exploitation durable de ces petits êtres vivants. Ledit espace a également donné la possibilité aux chercheurs de montrer l’état de leurs connaissances par le biais des communications affichées. La soirée de clôture, au restaurant du campus A, en présence des Vices Recteurs Prof. Nadine Machikou (VREPTIC) et Prof. Bernard-Raymond Guimdo Dongmo (VRECOME), a surtout permis à l’équipe du département de Zootechnie, de rendre hommage aux pionniers de cette discipline à Dschang et en Afrique francophone. Ils ont tous commencé à enseigner avant la création de l’Université de Dschang en 1993, certains ayant débuté dès 1969 à l’EFSA. Ce sont : Prof. Njwe Reuben Mbe, Prof. Joseph Djoukam Dr Ngam Joe Eric Tosah, Prof. Tchoumboue, Prof. Yacouba Manjeli, Mr Nchembi Francis Tarla, Prof. Etienne Pamo Tendonkeng, Prof. Alexis Teguia et Prof. André Zoli Pagnah.