Chaque 1er du mois de décembre l’Organisation Mondiale de la Santé et ses partenaires se joignent pour célébrer la Journée Mondiale de lutte contre le SIDA. A cette occasion, le journal l’Etudiant a rencontré Jean Paul Ngueya, une figure incontournable de la lutte contre cette pandémie.
Aujourd’hui vous êtes consultant international en matière de prévention et de mobilisation sociale dans la lutte contre le VIH/SIDA depuis de nombreuses années. Comment est-ce que vous vous êtes retrouvé à défendre la cause humanitaire ?
En 1989, confronté à la désolation de deux vieilles grand-mères, amies de longue date, dans l’incapacité de communiquer parce qu’impotentes, j’ai décidé d’adapter un outil de communication dans le but d’apaiser leurs angoisses. Cette radio- téléphone va devenir dans le village la première radio, outil d’animation présent dans les deux cafétérias du village. Cet appareil sera ma véritable entrée dans la lutte contre le sida, puisque chaque jour de 18h à 19h, je m’applique à lancer des messages de sensibilisation. Impressionnée par mes initiatives et ma créativité, la coordinatrice de la coopération allemande « GTZ » devenue GIZ et spécialisée dans la lutte anti-sida au Cameroun à l’époque, me propose de suivre une formation à la méthodologie de l’IEC (Information-Education-Communication).
Je suis alors recruté par la SWAA (Society for Women and Aids in Africa) qui me confie la responsabilité Bénévole du « Pavillon AIDES » devenu hôpital de jour de l’hôpital Laquintinie de Douala en 2002 où j’ai assuré de 1992 à mai 2002, l’accueil des visiteurs et la prise en charge psychosociale des personnes infectées et affectées par le VIH/SIDA. Mes activités d’information et de sensibilisation me faisaient voyager de ville en ville, de quartier en quartier, de lycée en lycée, d’association en association. Je suis habité par une foi humaniste. Ma religion c’est l’Homme et la vie.
Quelles sont les raisons qui vous ont poussé à créer un blog ?
L’idée de créer un blog il y a de cela quelques années aujourd’hui remplacé par ma page Facebook me permet non seulement de valoriser les activités que je mène à travers le monde, mais aussi de les partager avec la jeunesse du monde afin que celle-ci puisse s’en inspirer et se rendre compte de la richesse que ces outils précieux de communication nous procurent.
Chaque mois de décembre, se célèbre la journée mondiale de lutte contre le Sida. Et c’est l’occasion de manifestations de soutien aux personnes vivant avec le VIH et de mémoire aux victimes de la maladie. Qu’est-ce que vous avez prévu comme activités pour rendre ce mois encore plus impactant ?
A l’occasion de cette grande journée mémorable qui est célébrée à travers le monde chaque 1er décembre, nous avons prévu plusieurs actions autour de cette journée pour sensibiliser, informer et agir. Le samedi 30 novembre 2024 et dimanche 1er décembre 2024, nous serons déployés dans deux marchés hebdomadaires de la ville de Nanterre ainsi que dans une discothèque Parisienne avec la présence d’un stand d’information, de sensibilisation sur les Droits, la prévention et le dépistage. D’autres actions sont aussi prévues à partir du 02 décembre au CASO de Médecins du Monde à Paris, le mardi 03 décembre des actions simultanées se dérouleront au Centre Hospitalier Intercommunal de Créteil, à l’hôpital Avicenne de Bobigny, le Mercredi 04 Décembre au Groupe Hospitalier Intercommunal Raincy-Montfermeil.
Le thème de cette année est « Suivons le chemin des droits ». Cette thématique nous invite à une approche du Sida fondée sur les droits de l’homme. Le monde peut-il mettre fin au sida si les droits de chacun sont protégés ?
A mon humble avis, une concertation des efforts et une harmonisation des stratégies à l’échelle mondiale est nécessaire pour tenter de mettre fin à cette pandémie pour laquelle l’humanité paye toujours une tribu. L’éradication des discriminations, la suppression des stigmatisations et l’amélioration de la qualité de vie des personnes atteintes du VIH sont des volets importants et incontournables dans ce processus. Malgré les campagnes d’information et de sensibilisation sur les modes de transmission du virus, la discrimination et la stigmatisation des personnes vivant avec le virus est toujours visible et impacte cette lutte.
Qu’est-ce qui explique comparativement à l’Afrique le taux bas de prévalence du VIH- Sida en Europe ?
Malgré les efforts consentis dans la prévention à l’échelle mondiale en vue de ralentir le taux de prévalence du VIH dans le monde, l’Afrique est toujours considérée comme le continent le plus impacté vis-à-vis de l’Europe. La mauvaise gestion des ressources allouées à la prévention et la dépendance économique liée à la pauvreté sont autant d’éléments qui expliquent ce taux de prévalence du VIH en Afrique.