A quelques jours de la 4e édition du G-Laurentine Assiga Meet and Great, la journaliste culturelle, a accordé une interview exclusive au journal l’Etudiant. Elle nous partage son parcours et les réalisations qui ont forgé sa carrière.
« Le 14 décembre 2024, au Complexe Mundi, vous organisez un Meet and Great. Quel est l’objectif recherché derrière cet événement ? »
Aujourd’hui, plus que jamais, les jeunes ont besoin de repères, de modèles et d’informations fiables pour naviguer dans ce monde complexe. Tous rêvent de partir à l’étranger et réussir, cependant, les canaux d’information traditionnels sont souvent encombrés de fausses nouvelles, de stéréotypes et de messages contradictoires qui peuvent accentuer la confusion et le désarroi. C’est pourquoi le G-Laurentine Assiga Meet & great. Cette plateforme unique rassemblera des experts, des professionnels et des entrepreneurs pour partager leurs expériences et leurs connaissances sur la vie professionnelle et sociale.
Vous avez créé le Réseau des Journalistes Culturels du Cameroun en 2012. Quelle est la raison qui a motivé cette initiative ?
Je suis profondément culturelle. La culture est l’ADN de l’humanité. C’est l’élément qui distingue chaque peuple dans le monde et le rend unique. Au secondaire, j’ai évolué dans un club théâtre. A l’université de Yaoundé II, au sein du club danse. J’ai toujours été fascinée par ce qui touche à l’art, le patrimoine. Mais quand j’arrive dans le métier, je constate avec peine la place infime accordée aux sujets d’informations culturelles. C’étaient les premières mises à l’écart dès que se pointaient une actu publicitaire au politique. La culture était la sacrifiée des rédactions. Pourtant, je savais la complexité de la tâche des collègues et confrères qui s’étaient engagés dans cette spécialisation. C’était frustrant, inhumainement professionnel de ranger leurs copies dans les « articles classés ». J’ai décidé de nous rendre justice en démontrant par le plaidoyer et des actions pertinentes que le journalisme culturel n’était pas une sous-spécialisation et de rétablir la dignité de ce corps de métier.
Derrière ce Réseau, vous avez organisé des prix devenus des références dans le domaine journalistique et culturel. Comment percevez-vous l’impact de ces prix ?
Quand nous avons commencé les activités, beaucoup n’y croyaient pas. Ils pensaient avec certitude que ce serait un feu de paille. D’ailleurs, avec le cliché du « journalisme culturel ne vaut rien ». Mais il faut savoir que chaque action que nous posons, nous le confions en Dieu. Je vous fais une révélation : chacun de ces projets événementiels est né pendant que j’étais en prière, exprimant au Seigneur ma lassitude face aux mentalités boueuses qui reléguaient la culture au rang de déchet des professions. Pendant que je fixais cette image de Jésus Miséricordieux, les idées avec noms des événements s’inscrivaient dans mon esprit. A la fin de la prière, je notais sur le calepin et priais qu’il me conduise vers des personnes qui mesurent les enjeux. Voilà comment en 2020, nous lançons, à la surprise de tous, la Coupe du monde de la presse culturelle baptisée Grand Prix Francophilie des Médias lors de la célébration des 50 ans de la Francophonie. Dès la première édition, ce fut un succès. J’étais impressionnée en voyant les gens debout dans la salle. Il n’y avait plus assez de place. Le gouvernement camerounais a été sensible à notre démarche. A cette première cérémonie, le Minac était représenté par son Secrétaire général, le Minrex par le Directeur de la Francophonie… l’Ambassadeur de France avait fait le déplacement également ainsi que plusieurs personnalités. Nous avons surtout eu le soutien inestimable des ainés dans le métier comme Alain Blaise Batongué, Marie-Françoise Ewolo, Dr Evelyne Mengue A Koung, Polycarpe Essomba, George-Alain Boyomo. Je profite de votre tribune pour leur témoigner mon infinie gratitude. L’action, partie d’ici au Cameroun a redonné de la vigueur à des confrères du continent africain et du monde.
Votre expérience dans la couverture du festival de Cannes a certainement été un énorme coup de pouce pour votre carrière. Comment l’avez-vous vécu ?
Je ne le nierais pas. C’est vrai qu’avant de commencer à couvrir le festival de Cannes, j’avais déjà une certaine notoriété ici, mais elle a été multipliée par dix au-moins dès la première fois que je vais sur la Croisette, en France. Je ne sais pas faire de la figuration. Je suis un esprit déterminé. En m’engageant dans le journalisme en général, je m’étais promis à moi-même de ne pas être un nom qu’on oublie, sans prétention. Je voulais impacter mon temps, car je me disais que Dieu ne m’a pas envoyée sur terre pour me tourner les pouces, mais pour fructifier les talents mis en moi. La meilleure façon de les fructifier était de pousser des portes que certains n’avaient pas osé pousser. Les pousser surtout en qualité. J’aime les exclusivités (Rire). J’avais conscience que je représentais également mon pays, toute notre corporation et il fallait que j’assure par des articles originaux et de qualité. Car, parfois dans ce grand rendez-vous, le Cameroun est sous-représenté. Chaque année est un nouveau challenge, même quand le Cameroun n’a pas de film en compétition. Le festival de Cannes est aussi pour moi le reflet de la courbe de carrière que je souhaite pour les journalistes culturels.
Vous êtes une journaliste engagée, promotrice culturelle et mère. Comment arrivez-vous à concilier ces différents rôles et à gérer votre emploi chargé ?
Quand on fait les choses avec passion, on ne ressent pas trop la difficulté. Chaque rôle est défini dans un espace-temps précis. Avoir de bonnes aptitudes dans l’organisation des plannings est important. J’ai eu la grâce d’avoir des enfants au moment où je n’avais pas encore de grandes responsabilités professionnelles comme aujourd’hui. Je les ai formés à l’autonomie. Je leur ai transmis la fougue de l’indépendance. Savoir faire les choses par soi-même sans attendre maman. Savoir anticiper et être une solution qu’un poids qui se plaint chaque fois. Ils l’ont bien intégré et managé bien les choses aussi. Je supervise beaucoup plus maintenant.