La cinéaste nous livre son parcours unique. De ses premiers pas comme réalisatrice à ses ambitions futures, elle partage sa vision du cinéma.
Aujourd’hui, Comment jonglez-vous entre les différents rôles de réalisatrice, productrice et actrice dans un projet cinématographique ? Est-ce un défi ou une source de motivation ?
Jusqu’ici, je n’ai pas encore porté de rôle dans un film que j’ai réalisé. Au début de ma carrière de réalisatrice, j’ai choisi de me concentrer uniquement sur la réalisation afin d’acquérir une expérience solide dans le domaine. Cependant, jouer dans l’un de mes films est un défi que je compte bien relever à l’avenir. Ce sera une expérience enrichissante et un grand challenge personnel que j’ai hâte d’explorer.
Comment avez-vous géré les contraintes de temps pour pouvoir maintenir la qualité artistique de votre œuvre lors de la compétition «10 jours pour un film» lors des Écrans noirs 2023 ?
Il s’agissait de réaliser un court-métrage de 10 minutes en seulement 10 jours. C’était un véritable défi pour moi, d’autant plus que je savais que le sujet que je voulais aborder était ambitieux et complexe. Je me suis d’abord plongée dans des recherches approfondies et j’ai choisi de développer un aspect particulier de l’histoire de la reine Ngoungoure. Le plus grand défi était de condenser cette riche histoire dans un format aussi court. Dès les premières étapes, je réfléchissais déjà à l’univers visuel et sonore du film et à la manière de concrétiser ces idées, tout ça avant même d’être sélectionnée parmi les trois finalistes. Une fois le feu vert donné, j’ai immédiatement partagé ma vision avec mon équipe. Ce qui m’a le plus marqué, c’est l’enthousiasme et la créativité qu’ils ont apporté. Le défi de recréer l’époque de 1757 était aussi exigeant pour eux. Ce fut une expérience intense et collaborative, qui a donné vie à un projet dont je suis extrêmement fière.
Comment évolue, selon vous, le cinéma dans un monde où les plateformes de streaming prennent une place prépondérante ? Est-ce une menace ou une opportunité pour les cinéastes ?
Le cinéma évolue en s’adaptant à ce nouvel écosystème. Les plateformes de streaming ne sont pas une menace, mais plutôt une opportunité pour les cinéastes. Elles offrent une visibilité mondiale, diversifient les types de récits possibles et permettent à de nouveaux talents d’émerger. Cependant, elles posent aussi des défis, notamment sur la question de l’expérience collective en salle et la rémunération équitable des créateurs. Plus qu’une menace, elles représentent un levier pour repenser la manière de créer et de consommer le cinéma.
Quels sont les défis spécifiques auxquels vous faites face en tant que réalisatrice, surtout dans un environnement aussi changeant que celui du cinéma actuel ?
L’’un des principaux défis reste la recherche de financements dans ce secteur très compétitif. Même après avoir obtenu ces financements, il est crucial de préserver la liberté de raconter nos histoires de manière authentique, sans se laisser contraindre par les exigences des financeurs. En parallèle, l’adaptation aux nouvelles plateformes de diffusion représente un autre défi. Cependant, ces plateformes offrent des opportunités pour expérimenter de nouveaux formats et atteindre un public plus large.
Quels sont vos projets futurs dans le cinéma ? Y a-t-il un genre ou un sujet que vous aimeriez explorer davantage ?
L’un de mes futurs projets est un long-métrage sur la reine Ngoungoure, qui a régné pendant seulement 30 minutes, mais dont l’histoire reste marquante pour le royaume Bamoun. Je souhaite explorer cette histoire de manière approfondie et honorer son existence. Cependant, étant donné que cette histoire se déroule en 1757, les défis financiers, techniques et artistiques seront considérables, notamment pour recréer cette époque et la rendre crédible à l’écran.
Le cinéma est souvent un miroir de la société. Selon vous, comment peut-il contribuer à faire avancer des causes sociales ou politiques importantes ?
Le cinéma a un pouvoir unique pour sensibiliser et mobiliser. En mettant en lumière des problématiques sociales et politiques, il peut susciter des discussions, changer les mentalités et inspirer l’action. À travers des récits authentiques et émotionnellement puissants, le cinéma permet de donner une voix aux sans-voix et de faire entendre des causes souvent ignorées.
Si vous pouviez changer une chose dans l’industrie du cinéma aujourd’hui, que serait-elle ?
Je changerais la manière dont les financements sont répartis, en accordant davantage de soutien aux talentueux cinéastes émergents et aux projets diversifiés. Cela permettrait de promouvoir des récits plus variés et d’offrir une chance égale à tous les talents, indépendamment de leur réseau, de leur genre ou de leur origine.
Si vous pouviez travailler avec n’importe quel acteur, réalisateur ou producteur, vivant ou décédé, qui choisiriez-vous et pourquoi ?
Sans hésiter, ce serait Cyrille Masso. C’est lui qui m’a donné ma première chance au cinéma en tant qu’actrice, en me proposant le rôle principal dans sa trilogie de court-métrage MOLI. Une expérience qui a profondément marqué le début de ma carrière. Aujourd’hui, je vois Cyrille non seulement comme un mentor, mais aussi comme un producteur idéal pour mon premier long-métrage en tant que réalisatrice. Son expertise, sa vision et son engagement seraient des atouts précieux pour porter ce projet à un autre niveau.