Les mouvements OTS, OTA et le SECA disent avoir lancé la grève illimitée le lundi 3 octobre 2022 sur l’ensemble du territoire. Or, les cours se déroulent sans obstacles dans la quasi-totalité des établissements scolaires du pays.
La colère ne quitte pas le cœur des enseignants du secondaire au Cameroun. Les souffrances qu’ils endurent depuis des décennies ne jouent pas en faveur du camp gouvernemental contre lequel les voix s’élèvent depuis février 2022. Après un moment de relâchement, de silence et de patience, les mouvements OTS, OTA et le SECA allument de nouveau le flambeau du débrayage. Leur dernier mot d’ordre fixe la reprise des manifestations au 3 octobre 2022. Cette fois, ils parlent de « grève illimitée ». L’opération succède au concept « Ecole morte » qui a remplacé en avril 2022, celui de « craie morte ». Si le qualificatif « illimité » s’ajoute dans la grève, les revendications sont les mêmes que celles exprimées en février 2022 lorsque le vent des revendications commençait à souffler en agitant les piliers du système éducatif national.
Il s’agit des exigences liées à l’accumulation des arriérés de salaires de certains enseignants et les améliorations à faire dans le statut des enseignants au Cameroun. Ils revendiquent la prise en compte du statut spécial de l’enseignant. Dans un rappel fait en avril 2022, les enseignants des mouvements grévistes ont égrainé une série de sept exigences à satisfaire avant la reprise des cours le 25 avril pour le compte du troisième trimestre de l’année qui vient de s’achever. Ce sont entre autres la mise en œuvre du statut particulier des enseignants, la suppression du système de paiement partiel des salaires, l’automatisation des avancements et autres actes de carrières. En août 2022, lorsque ces mouvements ont annoncé la grève dès la rentrée scolaire du 5 septembre dernier, ils ont réitéré ces exigences en déplorant l’inertie du gouvernement
Les ministres ont réagi le 30 août 2022 Les membres du gouvernement, après avoir présenté les dispositions prises, le niveau de mise en œuvre des directives présidentielles de mars 2022 ainsi que les réalisations qui vont suivre, ont appelé au sens de « la responsabilité, de la citoyenneté et du patriotisme ». Selon le ministre de la Communication, les appels à la grève s’assimilent à la surenchère de mauvais aloi au regard des revendications intempestives et inopportunes. René Emmanuel Sadi a rappelé les solutions apportées par le gouvernement. Il s’agit de de la prise en charge de tous les enseignants du secondaire encore sous le principe du 2/3, l’attribution de l’indemnité de logement à tout le personnel du ministère des enseignements secondaires qui n’en bénéficiait pas, pour un coût total de 1,5 milliards de FCFA depuis mars 2022. A cela s’ajoute l’apurement, depuis le mois d’août 2022, de 3,5 milliards de FCFA chaque mois de la dette due au titre des rappels, évaluée à 54,5 milliards de FCFA. En fin août, 14 milliards de FCFA avaient déjà été payés, sans oublier les mesures administratives, a-t-il déclaré.
La grève peine à reprendre
Du coup, les enseignants, malgré leur insatisfaction, se sont calmés. Puis, un mois après, au moment où les examens de fin de la première séquence se déroulent, ils saisissent l’occasion de la journée mondiale des enseignants pour se faire entendre de nouveau. Mais, les cours quant à eux se déroulent au sein des établissements scolaires publics et privés. Le mot d’ordre n’est pas suivi. Le problème des enseignants ne les concerne pas tous à l’observation. Nombreux disent ne pas appartenir au camp des grévistes. Par conséquent, ils ne trouvent aucun intérêt à participer à « la fragilisation du système éducatif ». D’autres concernés par des revendications ne s’expriment pas par peur représailles de l’autorité hiérarchique. Même le mot d’ordre de boycott de la journée mondiale de l’enseignant annoncé pour le 5 octobre dernier n’a pas été suivi. Il y a lieu de remarquer que le vent de grève semble se heurter à la montagne de mesures administratives prises à l’encontre des grévistes.