Par AVOULOU ETOUA Astride Ronny, Professionnelle des métiers de l’information et de la communication. Étudiante en cycle doctorat /PhD à l’Université de Yaoundé II
La fin d’année au Cameroun, c’est une valse effrénée entre traditions, débauches et illusions. Un moment magique pour certains, mais un terrain fertile pour les excès chez une jeunesse qui semble décider, en ce laps de temps, de jouer la vie à fond. Entre la course aux bières à gratter, les promotions alléchantes sur des briques de vin douteux et le festival Ya-fé qui transforme les rues en zones de non-droit festif, les jeunes s’abandonnent à des plaisirs éphémères, oubliant qu’ils portent les espoirs d’une nation en quête d’avenir. Ah, les « bières gagnantes » !
Quelle invention géniale pour pousser les esprits juvéniles à empiler des bouteilles comme on collectionne des trophées. « Une bouteille, une chance de gagner une moto ! », clame le marketing. Et que dire de ces briques de vin « El vino » qui envahissent les marchés ? Vendues à des prix défiant toute logique, elles sont des passeports directs pour des lendemains de migraines. Le tableau serait incomplet sans mentionner Ya-fé, ce grand rendez-vous qui, de sa vocation initiale de « Yaoundé en fête », a dérivé en « Jeunesse et folie éphémère ».
C’est l’occasion pour certains de troquer la retenue contre la démesure. Les stands débordent de nourriture, d’alcool et d’euphorie. Si la nuit appartient aux audacieux, le jour rattrape les imprudents. Avril pointe le bout de son nez et avec lui, le phénomène tristement célèbre des « pull-overs saison sèche ». Nos jeunes filles, héros tragiques de cette pièce, arborent des tenues d’hiver improbables pour dissimuler des grossesses non désirées. Les MST, quant à elles, se faufilent silencieusement, avec une dose de honte en prime ; conséquence directe de ces nuits où la prudence était restée à la maison. Ces jeunes, « fer de lance » de la Nation camerounaise, semblent oublier leur rôle central. En cette fin d’année, la question reste donc posée : que faut-il pour que cette jeunesse troque ses illusions contre une véritable vision ? Peut-être qu’un jour, entre deux verres, ils lèveront les yeux pour se rappeler qu’ils portent bien plus qu’un simple espoir : ils sont l’avenir tout entier.