Par AVOULOU ETOUA Astride Ronny, Professionnelle des métiers de l’information et de la communication. Étudiante en cycle doctorat /PhD à l’Université de Yaoundé II.
Au Cameroun, l’âge est devenu un concept malléable, une invention qui se transforme selon les besoins de chacun. Dans un pays où la jeunesse éternelle est presque une philosophie, l’âge n’est pas un chiffre fixe, mais une stratégie. La question « Quel âge as-tu ? » ne reçoit jamais une réponse simple. Au contraire, on répond souvent par : « Tu es de la police ? » – une manière de déstabiliser toute tentative de vérification, un moyen de garder l’âge comme un secret. Pourquoi se contenter de l’âge inscrit sur un document officiel, quand on peut facilement le modifier ? Au Cameroun, l’âge, tout comme la vérité, peut être réinventé à tout moment. Le pays fait face à une véritable prolifération de faux âges et d’actes de naissance falsifiés qui touchent plusieurs secteurs. Le ministère des Finances a récemment révélé que, entre 2010 et 2021, plus de 12 000 faux actes de naissance ont été déclarés par des personnels de l’armée et de la police.
Ces documents falsifiés étaient utilisés pour toucher des allocations supplémentaires après leur retraite. De plus, 4 300 retraités ont également été impliqués dans des déclarations fausses d’actes de naissance. En outre, cette fraude s’étend au secteur de la santé, où des patients déclarent des âges bien inférieurs à leur réalité. Quand un patient de 50 ans se présente avec un âge de 25 ans, les risques pour la prise en charge médicale sont considérables. Face à cette situation, le gouvernement a pris des mesures, comme la création d’un registre national d’état civil, les campagnes de sensibilisation, etc. pour tenter de rétablir un peu d’ordre. Cependant, la fraude reste tenace et les campagnes de sensibilisation n’ont pas encore totalement porté leurs fruits. Il est urgent de renforcer la vérification des actes d’état civil et d’intensifier les efforts de sensibilisation.