Souvent considérées comme une formalité, elles sont le théâtre de véritables luttes politiques et idéologiques, où chaque candidat promet un lot de projets sans toutefois les réaliser.
Les élections des bureaux d’association des étudiants dans les universités camerounaises sont un phénomène fascinant, mêlant enjeux politiques, stratégies de mobilisation et rêves de changement. Ces élections reflètent un microcosme de la société camerounaise, où les étudiants, entre idéaux et réalités, s’investissent pleinement. Bien que souvent perçues comme une formalité, elles déterminent la direction des associations et l’influence des étudiants au sein de la communauté universitaire. Elles sont brèves, mais ces campagnes sont intenses, et se déroulent sur les campus avec la distribution de flyers, affiches et objets.
Elles portent sur la gestion des activités associatives, la défense des droits des étudiants et la représentation auprès des autorités. En 2023, à l’Université de Yaoundé I, plusieurs candidats ont mis l’accent sur la sécurité, comme un candidat à la présidence de l’association des étudiants en droit, proposant un comité de sécurité en collaboration avec les forces de l’ordre. Ces campagnes sont également des espaces de débat. À l’Université de Douala, un candidat au poste de secrétaire général a proposé plus de transparence financière pour les associations étudiantes. Certaines élections voient la formation de blocs de candidats, comme à l’Université de Buea, où des alliances idéologiques ou politiques se forment pour augmenter les chances de succès. Cependant, des pratiques telles que la distribution de vivres ou l’organisation d’événements sont souvent critiquées comme électoralistes, accusées de manipuler les électeurs plutôt que de répondre aux véritables enjeux étudiants. « Ces candidats utilisent l’argent et les promesses pour corrompre les électeurs », critique un étudiant en sciences politiques. L’intérêt des étudiants pour ces élections varie. À l’Université de Ngaoundéré, la participation est élevée, tandis qu’à l’Université de Yaoundé II, certains estiment qu’elles n’ont aucun impact.
Les bureaux des associations jouent un rôle clé dans la gestion des problèmes quotidiens des étudiants, comme le logement ou le transport. À l’Université de Maroua, un candidat à la vice-présidence a proposé de renforcer le dialogue avec les autorités pour améliorer les infrastructures. Au-delà de l’aspect électoral, ces élections soulèvent des questions sur la gouvernance et la démocratie au sein des associations étudiantes, notamment concernant la transparence, le clientélisme et la gestion des finances. De nombreux étudiants aspirent à une gouvernance plus juste, respectueuse des intérêts étudiants.
« Beaucoup de promesses, peu de réalisations », Ségolène LIPOTH, étudiante à l’Esstic
Les choses ne m’ont pas vraiment semblé différentes peu importe le président. Il s’agit simplement d’une quête de prestige, d’une occasion de se rapprocher des autorités administratives, sans toutefois porter un réel intérêt pour le sort commun des étudiants. À chaque fois, pour obtenir les suffrages des étudiants, les candidats font beaucoup de promesses. Mais très peu réalisent les points inscrits sur leur supposée feuille de route. À tel point que lorsqu’il y avait un problème sérieux, le président de l’association était le dernier à qui nous pensions. On préférait soit se tourner vers les délégués de promotion, soit aller au front soi-même. Mon souhait est que les années à venir, les futurs représentants jouent véritablement leur rôle de porte-voix et adoptent des stratégies un peu plus réalistes.
« Il doit servir les étudiants », Ngah Ongadzi Désiré, étudiant à l’Université de Yaoundé I Ngoa-Ekelle
Le rôle d’un président des étudiants est de servir d’intermédiaire entre les étudiants et les professeurs nous aidant ainsi à résoudre les problèmes tels que les requêtes (notes, nombre de crédits insuffisants, supports de cours, concours, et autre formation utile à chaque étudiants). En ce qui me concerne, il m’avait aidé quand j’ai eu mes problèmes de notes au niveau 2. Il a donné des directives au délégué, j’ai rédigé une requête et mon problème a été résolu.
« Il réalise ce qu’il peut à son niveau », Ndjie Ambassa Hilaire, étudiant à l’Université de Yaoundé II-Soa
Depuis son arrivée à la présidence des étudiants, il réalise ce qui est à son niveau. De nombreux changements ont été fait notamment la négociation pour la réduction du nombre de crédits permettant d’aller au niveau supérieur, l’aménagement des toilettes de l’université, la participation de notre Université aux événements importants, sans toutefois oublier son rapprochement permanent auprès de nous afin d’énumérer nos demandes et revendications et les rapporter devant les autorités administratives.