Près de 100 docteurs et titulaires de PhD recalés dans le cadre du recrutement des enseignants dans les trois nouvelles universités d’État se sont mobilisés pour revendiquer l’ajout d’une liste additive, le jeudi 20 février 2025, à l’esplanade du ministère de l’Enseignement supérieur.
Dans leur communiqué publié le 12 février dernier, le collectif des docteurs chômeurs avait annoncé leur marche pacifique du côté du boulevard. En réaction à cette annonce, les forces de maintien de l’ordre (police et gendarmerie combinées) se sont déployées pour barricader le site. Camouflées à ciel ouvert pour les agents en tenue, comme des petits filous, c’est du côté du Minesup que les docteurs PhD se sont déployés pour leur sit-in.
« Non à la discrimination » ; « Les docteurs ne sont pas des laissés pour compte » ; « Respectons les instructions du Chef de l’État : recruter tous les docteurs sans emploi » sont entre autres les messages que l’on peut lire, ce jeudi 20 février 2025, sur les différentes pancartes brandies par les enseignants pour la circonstance. Près de 100 enseignants, représentants les intérêts de toute une communauté de docteurs chômeurs indignés, assis à même le sol au pied de la tour du Minesup, ont manifesté pacifiquement pour solliciter une liste additive suite à la publication des résultats de la deuxième phase du recrutement spécial des enseignants.
Bien encadrés par les forces de maintien de l’ordre arrivées sur les lieux, les docteurs recalés ont attendu impatiemment le Pr Jacques Fame Ndongo, ministre de l’Enseignement supérieur. D’après les acteurs de la manifestation, cette forte mobilisation d’enseignants est une réponse à la publication des résultats de la deuxième phase du recrutement spécial des enseignants dans les nouvelles universités du Cameroun. À côté de cette réponse, c’est aussi une dénonciation de plusieurs irrégularités incompréhensibles sur le processus de recrutement de cette deuxième vague.
« Le collectif a été créé suite aux irrégularités observées lors des recrutements qui ont été lancés par le Minesup, où certains docteurs sont recrutés et d’autres sont laissés à la place des autres qui ne méritent pas, au vu de leur profil. Cette manifestation est juste un plaidoyer qu’on adresse au Minesup pour un nouveau recrutement, pour que nous puissions aussi avoir une vie digne », indique un enseignant sous anonymat. Réunis avec trois de ses collègues, un autre docteur, toujours sous anonymat, relève quelques irrégularités : « Il y a des filières qui ont été ouvertes, mais après publication des résultats, ces filières ont été supprimées, c’est déjà un élément. Des gens soutiennent et peu de temps après, ils sont recrutés au détriment de ceux qui accusent une forte expérience sur le terrain.
Autre chose, on lance le recrutement dans une totale discrétion, la plupart des docteurs ne sont pas au courant de l’annonce et lorsqu’on l’apprend, il n’y a plus le temps de faire quoi que ce soit. Ce sont des exemples parmi tant d’autres que je ne pourrais énumérer ici. À un moment donné, on ne sait plus à quoi joue notre gouvernement. Nous voulons juste servir notre pays, nous avons été formés, ce sont des années d’études qu’on voudrait jeter aux oubliettes comme ça et ce n’est pas normal, nous sommes des pères de famille. » Après des heures d’attente, le collectif des docteurs indignés du Cameroun quittait le pied de la tour du Minesup pour le 10e étage pour un entretien avec le Pr Jacques Fame Ndongo, ministre de l’Enseignement supérieur.