Cette mesure, visant à assainir l’espace urbain et réguler les activités commerciales, suscite une vive contestation des commerçants qui affirment qu’elle les prive de leurs moyens de subsistance et aggrave leur situation économique.
Les rues de Yaoundé, autrefois envahies par les vendeurs à la sauvette, ont pris un tout autre visage. Des marchés tels qu’Ekounou, Terminus Mimboman et Mokolo, jadis saturés de petites étals disposées au bord des routes, sont désormais assainis. Les policiers municipaux, vigilants et actifs, veillent au respect de la nouvelle décision.
Il n’est plus possible de voir des commerçants vendre leurs produits sur les trottoirs. Dans le marché Ekounou, des agents de la police municipale s’affairent à rediriger les jeunes vendeurs vers des endroits plus appropriés, comme derrière le Palais de Justice, où se trouve une annexe du marché. L’un des agents rencontrés explique : « Tous ceux qui ont été déguerpis sont orientés vers l’annexe du marché. C’est vrai qu’il y’a des récalcitrants mais nous faisons ce que nous pouvons ».
Cette mesure imposée par la Communauté urbaine le 10 janvier 2025 a suscité de nombreuses réactions. Les jeunes commerçants, souvent diplômés mais frappés par le chômage endémique, se retrouvent désormais sans solution. Pour eux, la vente à la sauvette était un moyen de gagner leur vie, malgré l’absence de capital et d’infrastructures adaptées. Mais aujourd’hui, cette possibilité leur a été enlevée.
Des questions se posent. « Où doivent aller ces jeunes ? Que faire quand on n’a pas de moyens pour ouvrir une boutique ? » Claude Mbella, vendeur rencontré sur place, témoigne : « C’est très difficile, j’ai quitté l’école, je n’ai pas trouvé de travail, et voilà que je suis maintenant contraint de rentrer chez moi. » Beaucoup risquent de sombrer dans l’inaction et l’isolement, dans une période où trouver un emploi semble utopique pour des milliers de jeunes. Une autre inquiétude émerge parmi les citoyens : cette décision pourrait-elle favoriser l’insécurité ? Certains redoutent que ces nouveaux « chômeurs » ne se tournent vers des activités illicites pour subvenir à leurs besoins.
« Il est possible que certains se reconvertissent en pickpockets ou en voleurs, car ils devront nourrir leur famille », avance Cédric Ateba, un habitant du quartier Essos. Cependant, cette initiative n’est pas totalement rejetée. Nombreux sont ceux qui reconnaissent que les vendeurs à la sauvette contribuaient à des embouteillages dans les principales artères de la ville.
Les autorités justifient la mesure comme un moyen d’assainir la voie publique et de faciliter la circulation. Mais une question demeure : les autorités ont-elles pris les mesures nécessaires pour accompagner ces jeunes vers d’autres activités économiques ? Le manque de solutions concrètes pour ces déguerpis laisse planer un sentiment d’injustice.