La célébration de la 59e édition de la fête de la jeunesse n’a pas connu l’effervescence habituelle dans certaines rues de la capitale.
Comme à l’accoutumée, le ministre de la jeunesse et de l’éducation civique, Mounouna Foutsou, a présidé le défilé civil pour marquer la fête de la jeunesse. Cependant, la journée a pris une tournure bien différente dans les quartiers de la ville. Les rues et marchés sont restés étonnamment vides, comme le souligne Raoul, un commerçant rencontré au marché de Mvog-Mbi : « Les rues sont presque désertes, les clients ne viennent même pas faire leurs courses comme d’habitude. Le commerce tourne au ralenti ».
Dans certains quartiers de la capitale, les jeunes, plutôt que de participer aux festivités, préfèrent s’installer dans des débits de boissons pour profiter d’un jour férié de plus. Une occasion de se détendre, certes, mais aussi d’exprimer, indirectement, leur désintérêt face à une fête devenue trop fade. « Nous avons l’impression que cette journée n’a plus rien à nous offrir. C’est devenu une tradition sans vie », confie Léo, un jeune fonctionnaire rencontré dans une cave du quartier Ekounou. Plusieurs autres jeunes rencontrés dans les rues de Yaoundé ne cachent pas leur perplexité face à ce qu’ils considèrent comme une “fête dénuée de sens”. « C’est juste un jour de repos pour beaucoup d’entre nous.
Il n’y a rien qui nous incite à nous lever et à célébrer », confie Alain Njifusah, un étudiant de l’université de Yaoundé I. Ce sentiment de déconnexion vis-à-vis de cette fête se retrouve chez de nombreux jeunes qui, loin de se sentir valorisés ce jour-là, semblent ne plus voir dans cette célébration que l’ombre de ce qu’elle était. Une opinion partagée par d’autres jeunes, qui déplorent la lenteur des activités dans la capitale.
« C’est une journée tranquille. Je dirais même qu’elle passe inaperçue », ajoute Rosine Ngono, une jeune entrepreneure rencontrée dans un café. Les défilés organisés dans les arrondissements de la ville de Yaoundé n’ont pas permis de changer cette dynamique. Les autorités administratives et municipales ont présidé les parades, mais celles-ci ont eu lieu à une échelle modeste, et l’enthousiasme semblait absent. À Yaoundé IV, par exemple, le défilé a eu lieu dans le quartier Ekounou sous la présidence de Elvis Akondi, sous-préfet de la localité. Les élèves de tous les cycles de l’enseignement, ainsi que les jeunes des organisations politiques et des associations, ont défilé, mais l’ambiance est restée sobre après.
La même scène s’est répétée au quartier Mfandena, dans l’arrondissement de Yaoundé V, où les jeunes ont également participé à une parade en présence des autorités locales. Il est difficile de dire si la fête de la jeunesse est encore un symbole vivant pour les jeunes Camerounais. Les décennies précédentes témoignaient de l’engagement de cette génération à porter haut les couleurs de leur nation, à rêver d’un avenir meilleur. Mais aujourd’hui, l’enthousiasme semble avoir fait place à une forme de lassitude, voire de désillusion. Les jeunes, entre espoirs déçus et rêves avortés, semblent peiner à se retrouver dans un événement devenu trop institutionnel, trop déconnecté de leurs réalités quotidiennes.