A quelques pas de l’université de Yaoundé I, se trouve cet endroit qui a vu défiler des générations d’étudiants. C’est un carrefour vivant, animé par les va-et-vient incessants des jeunes en quête de tout et de rien.
Dès que l’on s’approche du Carrefour Cradat, il n’y a que des voix et des bruits de moteurs qui se font entendre. Il s’agit d’un carrefour de transactions, un marché où les étudiants font leurs courses, étudient, mais aussi se divertissent. Les petites boutiques, les stands de nourriture, les secrétariats, les dépanneurs d’électronique, tout est pensé pour répondre aux besoins immédiats des étudiants. Les vendeurs de snacks, de glaciers, de tourne-dos et de beignets-haricot-bouillie (BHB) sont présents en grand nombre.
Les jeunes s’arrêtent à chaque coin de rue pour échanger quelques mots avec les commerçants ou se restaurer à toute heure. Au stand de BHB, une femme d’une quarantaine d’années, tout sourire, sert une cliente habituée, Michèle, étudiante en Géographie qui, le ventre presque vide après une longue journée de cours, passe sa commande : « Quatre beignets et bouillie 50, s’il vous plaît ». La vendeuse s’affairant dans ses gestes agiles, prépare la commande avec soin. » Les arômes chauds du haricot, de la friture des beignets, envahissent l’air. En arrière-plan, des étudiants discutent de leurs projets de recherche, d’autres échangent des rires et des sourires. Il y a toujours une ambiance de camaraderie dans ce coin.
Un peu plus loin, des secrétariats ont trouvé leur place. Jean, un étudiant en communication, sac à dos sur l’épaule, passe devant l’un d’eux et aperçoit le panneau “Impressions, photocopies et reliures”. Il s’arrête, sort son téléphone portable et commence à échanger avec le responsable, un autre étudiant qui, en Faculté des sciences, fait ses études en Chimie. « J’ai besoin de cinq copies de mon rapport de stage. Tu peux me les faire d’ici 30 minutes ? » Demande Jean, tout en consultant son emploi du temps sur son téléphone.
« Bien sûr, je m’en occupe tout de suite, » répond le gérant avec un large sourire, un œil rivé sur son propre cahier de cours. Les deux jeunes hommes échangent quelques mots, puis l’étudiant retourne dans son coin où il reprend ses révisions, tandis que son collègue commence son travail en coulisses. Non loin de là, Juste en face, un autre groupe d’étudiants fait des achats. La place regorge de vendeurs de vêtements et de chaussures, installés au bord de la route, sur des étals de fortune. Les jeunes filles, souvent à la recherche de nouvelles tenues pour impressionner en cours ou lors des soirées étudiantes, passent des heures à marchander, à toucher les tissus et à choisir leur futur achat. Une étudiante, bien que portant une tenue décontractée, se montre exigeante dans le choix de ses chaussures : « Ces baskets sont belles, mais elles sont trop chères. Tu peux faire un effort sur le prix ? », Dit-elle avec un sourire malicieux.
Le vendeur, qui a l’habitude de ces négociations, réplique d’un ton jovial : « Ah ma sœur tu as combien ? On peut s’arranger ! » Au loin, un autre vendeur s’affaire à installer des étagères pleines de t-shirts et de jeans, attirant au passage de jeunes hommes intéressés par les dernières tendances. Les interactions sont courtes, directes, souvent pleines de cette énergie effervescente propre aux jeunes qui jonglent entre études et survie au quotidien
Réactions
« Chaque jour au Cradat est une école de vie »
Josué, Etudiant et vendeur de chaussures
Les étudiants négocient souvent, et il faut savoir être calme, patient. Parfois, je fais une bonne affaire, parfois non. Mais c’est ça, la vie ici à Cradat. On apprend vite à se débrouiller, à gérer les clients, et à ne jamais se décourager. L’essentiel, c’est de pouvoir payer mes frais scolaires et rester motivé pour mes études. En plus, jongler entre les cours et ce job, ça demande de l’énergie. Mais j’ai une certaine fierté d’être indépendant. C’est une école de la vie, et chaque jour ici est une leçon.
« Le tourne-dos c’est l’idéal quand on n’a pas assez de moyens »
Stephen, étudiant en Lettres bilingues
Sérieusement, les tourne-dos, c’est l’idéal quand tu es étudiant et que tu n’as pas trop de sous. C’est bon, ça remplit bien l’estomac, et c’est servi rapidement. Je n’ai même plus besoin de commander, la dame me connaît bien maintenant. Elle me dit « Le même qu’hier ? » et je réponds « Oui, s’il vous plaît ! » J’ai mes petites habitudes. Je sais exactement à quelle heure il faut venir pour avoir un plat d’Eru bien chaud, avec assez de viande.
« Je me sens connecté à la vie étudiante ici »
Lazare, fonctionnaire Chaque fois que je suis ici, je sais que ça va être un moment sympa. Le glacier, les amis, la bonne humeur… ça m’aide à oublier un peu la pression de l’université et à passer du bon temps. C’est un peu comme une récompense après une longue journée. C’est l’ambiance étudiante qu’on ne trouve pas ailleurs. Je me sens connecté à la vie étudiante ici