La scène politique s’annonce particulièrement mouvementée au Cameroun en cette année 2025. Les enjeux sont particulièrement importants, et dans un environnement où la gérontocratie a longuement montré ses limites, la jeunesse portée par un vent nouveau venu d’Afrique de l’Ouest, compte bien jouer sa partition.
L’alternance politique. Quelle belle grande expression ! Pourtant, il y’a bien longtemps que les Camerounais en ont oublié le sens, car n’en ayant pas connu depuis 42 ans. Ces derniers mois cependant, un regain d’intérêt semble avoir envahi l’esprit des Camerounais en général, mais plus particulièrement d’une catégorie d’entre eux qui a bien souvent été cantonnée à un rôle de faire-valoir : la jeunesse.
Peu à peu et alors que les jours se succèdent, les mythes longtemps construits par l’élite politique gouvernante, essentiellement gérontocrate pour justifier d’une certaine incapacité des jeunes à exercer des parcelles de pouvoir se sont déconstruits sous l’action délicate mais précieuse du temps et des évènements. Oui, parce que rien ne sera plus jamais avant. Les jeunes et leurs parents au pouvoir l’ont bien compris.
L’avènement des réseaux sociaux a réussi à briser la barrière qui pouvait exister entre les performances de la jeunesse et les cercles de pouvoir. A l’heure où des jeunes marquent positivement de leur empreinte l’exercice du pouvoir au Sénégal, au Burkina Faso, au Mali et même plus près de nous au Gabon et au Tchad, les jeunes camerounais commencent à comprendre qu’ils ont un rôle à jouer et pas des moindres, pour reprendre en main et avec pleine vigueur un pays qui se noie chaque jour davantage dans un océan de crises et d’incertitudes.
Jamais auparavant, mobilisation n’a été faite avec autant d’importance, pour inciter les jeunes à s’inscrire sur les réseaux sociaux. Jamais non plus, le désir de changement n’aura été aussi expressif. Et au gré du temps qui file, une question semble revenir, une alternance jeune, mais pour quels jeunes ? Des noms reviennent, portés par des dynamiques multiples à travers les réseaux sociaux, mais aussi de plus en plus sur le terrain.
Cabral Libii semble tenir la corde, mais pas très loin, des noms comme ceux de Franck Biya et Rebecca Enongchong semblent revenir. Si le désir de changement est cependant bien réel, la peur du sacrifice qu’il faudra pour y arriver semble aussi se faire une place dans les entrailles de nombreux jeunes. L’assassinat de Martinez Zogo en janvier 2023 a d’ailleurs conforté bon nombre de thésards de la démobilisation dans leur envie de ne pas s’y mêler. On préfère ainsi éviter d’aborder certains sujets, d’émettre certains avis, d’exprimer sa misère et son mécontentement parce que l’on craint de finir dans le « Moulinex ».
Sur les réseaux sociaux et dans la vie courante, on préfère se nourrir de buzz et d’eau fraiche, enfin, quand il en coule. Alors que nous sommes à la croisée des chemins, à un moment décisif de l’histoire de notre pays, il n’est plus temps de se démobiliser, mais de prendre ses pleines responsabilités. Le Cameroun est un héritage collectif, qu’il appartient à notre jeunesse, -qui sait se lever quand la fierté nationale est touchée- de préserver.
En 2025, un seul choix va s’imposer naturellement à chaque jeune camerounais. Faire don de soi pour faire briller un soleil nouveau sur le Cameroun, et ou le regarder avec force et lâcheté, poursuivre sa lente mais certaine descente aux enfers.