Par AVOULOU ETOUA Astride Ronny, Professionnelle des métiers de l’information et de la communication. Étudiante en cycle doctorat /PhD à l’Université de Yaoundé II.
La musique a toujours été bien plus qu’un simple divertissement. Elle est un miroir de l’âme d’un peuple, un vecteur culturel qui raconte son histoire et transmet ses valeurs. Par le passé, au Cameroun, les mélodies du Makossa et du Bikutsi, etc. portaient des messages profonds, reflétaient nos identités et inspiraient même des générations entières. Mais aujourd’hui, force est de constater que cette noble fonction semble s’effacer au profit d’une musique où la vulgarité et la légèreté des textes règnent en maîtres. Des morceaux comme « Poignardez les pédés », « L’alcool c’est de l’eau », ou encore « Je ne veux pas être en couple, mais je veux m’accoupler », « le bâton de manioc » envahissent les ondes et séduisent une jeunesse toujours plus attirée par des rythmes envoûtants que par des paroles sensées. À croire que les mots ont perdu leur poids, et que ce qui compte désormais, c’est la capacité à faire danser, même si cela signifie oublier les valeurs et l’essence même de la musique. Ce glissement est préoccupant.
Les musiciens qui osent encore chanter des textes moralisateurs ou aborder des sujets profonds sont souvent qualifiés de « vieux jeu » par une génération qui les boude au profit de refrains plus légers. Les messages d’engagement social, autrefois la marque des grands artistes, sont devenus une rareté. En outre, au-delà des paroles, les danses elles-mêmes témoignent de ce déclin. Les mouvements élégants et structurés de nos traditions cèdent peu à peu la place à des sauts désordonnés et des gestes frénétiques. Le spectacle est souvent plus comique qu’artistique, avec des mimiques et des gestes qui évoquent davantage des caricatures que des chorégraphies. Nos danses traditionnelles, porteuses d’histoires et de symboles, s’effacent doucement au profit de pas improvisés, sans identité ni profondeur. La question se pose alors : que voulons-nous laisser comme héritage ? La musique n’est pas un simple bruit de fond. Elle façonne la société, influence les mentalités et projette l’image d’un peuple au-delà de ses frontières. Il est temps de réagir. Les artistes ont une responsabilité : celle de produire des œuvres qui élèvent, qui inspirent et qui reflètent nos valeurs.