Les responsables des services des impôts de Yaoundé veulent rassurer les étudiants sur la question des déclarations de revenus : les étudiants ne sont pas soumis aux mêmes exigences de déclaration d’impôts.
Le 23 août 2024, le ministre délégué auprès du ministre des Finances (Minfi), Yaouba Abdoulaye, prolongeait de trois mois la date limite permettant aux contribuables non professionnels soumis à l’impôt sur le revenu des personnes physiques d’effectuer leur déclaration annuelle sous peine de sanction financière à hauteur de 250 000 Fcfa. Depuis cette annonce, le sujet anime les discussions des étudiants en présentiel et dans leurs différents forums. Si chaque étudiant y va de son opinion et de son commentaire empreint d’incompréhension à des degrés divers, une seule question émerge de ces discussions : « Qu’ai-je à déclarer comme revenus ? »
Pour répondre à cette interrogation qui se pose avec acuité, certains responsables, sous anonymat, en service au Centre régional des impôts du Centre I situé au quartier Mvog-Ada à Yaoundé, apportent un éclaircissement à cette situation. « Les étudiants ne sont en aucun cas concernés par cette opération de déclaration de revenus, car ils ne sont pas des salariés, ils n’ont pas d’immatriculation. Et s’ils n’ont pas tous ces prérequis-là, que pourraient-ils déclarer ? », explique cette responsable du Centre régional des impôts.
D’après d’autres responsables du Centre régional des impôts du Centre I du quartier Omnisports, le statut des étudiants vis-à-vis de cette mesure est en cours d’évaluation. D’autres estiment également que le Gouvernement devrait communiquer davantage sur ce pan de la question pour que les étudiants soient véritablement éclairés et situés afin de prendre les dispositions qui s’imposent.
En attendant que cela se matérialise, sur les campus, l’information selon laquelle tout le monde devrait se déclarer avant le 9 décembre 2024 se propage comme une traînée de poudre. Le ton monte et les étudiants inquiets, étonnés, abasourdis expriment leur incompréhension la plus totale face à cette procédure. À l’Université de Yaoundé II-Soa, Jael Ebo’o, étudiant au CREPS, s’interroge sur le bien-fondé de cette action. « La question que je me pose est celle de savoir, moi, en tant qu’étudiant sans travail et sans avenir certain, que dois-je déclarer en fait ? J’ai accueilli la note avec beaucoup d’interrogations », indique-t-il.
Du côté de l’Université de Yaoundé I à Ngoa-Ekélé, c’est le même état d’esprit qui préoccupe ces jeunes en quête de savoir. « Comment peuvent-ils nous demander de déclarer nos supposés revenus alors que nous sommes déjà écrasés par les frais de scolarité, les frais de transport et le coût de la vie qui devient de plus en plus élevé ? Je suis étudiante et je sais que la plupart de mes camarades et moi-même vivons déjà dans des conditions difficiles. Le Gouvernement devrait plutôt prendre en compte nos besoins et nos difficultés », explique Linda Meva’a, étudiante en journalisme.
Dans cette vague d’interrogation, certains étudiants accueillent avec calme cette mesure de l’État. « Cela peut paraître étrange de demander aux étudiants de déclarer leurs revenus, mais il faut noter que même les étudiants peuvent avoir des revenus, par exemple les bourses d’études, des revenus issus d’un travail étudiant, des revenus de capitaux, des intérêts sur un compte épargne. Cependant, il est probable que les étudiants soient exemptés d’impôt sur le revenu si leurs revenus sont faibles. La déclaration de revenus permettra alors de leur accorder des avantages sociaux ou des crédits d’impôts », déclare Ivan Boyomo, étudiant en cycle doctorat, a l’Université de Yaoundé II, Soa.