Bonas, niché dans l’arrondissement de Yaoundé III, est un quartier vibrant mêlant effervescence estudiantine et chaos urbain. Créé dans les années 70 suite à une expropriation pour « utilité publique », il a vu la construction de l’École des Postes et Télécommunications. Quinze ans plus tard, les anciens propriétaires, sous l’impulsion de Sa Majesté Souga Luc, y ont édifié des habitations, transformant ce lieu en un microcosme urbain surnommé Bonamoussadi en référence au célèbre quartier de Douala. Aujourd’hui, Bonas ressemble à une fourmilière où s’entremêlent klaxons de taxis, cris de commerçants, et bavardages incessants des étudiants. Ici, les « petits business » prolifèrent comme des champignons après la pluie : papeteries, quincailleries, librairies… Tout le monde a une « affaire » et, surtout, un « plan ». Et que dire de la pollution sonore ?
Ici, le silence est une denrée aussi rare qu’une librairie bien approvisionnée. Entre les baffles hurlants et les disputes de voisinage, vos tympans vivent une expérience sensorielle inoubliable. Un étudiant, a osé déclarer : « Quand on a vécu à Bonas, on peut survivre à Cuba. » Exagération ou vérité profonde ? L’expérience reste à tenter. Cependant, derrière cette effervescence se cache une réalité plus sombre. Cambriolages, meurtres sporadiques, et découvertes macabres de nouveau-nés dans les rigoles font de Bonas un théâtre de l’absurde où la loi semble une légende urbaine. Bonas n’est pas juste un quartier ; c’est un microcosme de tout ce qui va bien, ou mal, dans une ville en pleine mutation. Entre modernité et tradition, entre effervescence et chaos, il reflète à merveille cette capacité unique des Camerounais à transformer les défis en opportunités… même si cela signifie jongler avec des fils électriques mal fixés.
Avoulou Etoua Astride Ronny, Professionnelle des métiers de l’Information et de la Communication. Etudiante en Thèse de Doctorat / PhD à l’Université de Yaoundé 2, ESSTIC