Au Cameroun, de nombreux jeunes diplômés, faute d’opportunités professionnelles, se reconvertissent en moto-taxis pour survivre. Une réalité où, malgré leurs qualifications, ils se voient contraints de troquer leurs rêves de carrière pour un emploi précaire.
Cette reconversion est due au manque de travail, qui devient de plus en plus difficile à trouver au Cameroun. À quelques jours de la célébration des 42 ans du renouveau du parti au pouvoir, les jeunes diplômés camerounais sont laissés à eux-mêmes. Ils sont contraints de s’adapter aux conditions de vie qui leur sont imposées et sont prêts à saisir la première opportunité d’emploi qui se présente.
« Trouver un travail stable dans le cadre de mes compétences est devenu une tâche difficile », affirme André Kolo, moto-taximan et ingénieur de maintenance résidant au quartier Logbaba, dans la ville de Douala. Nombreux sont ceux qui ont cherché un emploi stable pendant des années sans en trouver, ce qui les confronte à la triste réalité : celle de devoir s’adapter en devenant eux-mêmes employeurs.
D’après Clovis Tchintcheu, un autre moto-taximan de la ville de Douala : « L’heure n’est plus à faire un choix de travail. Il s’agit de s’adapter en attendant une opportunité. Il faut se nourrir et payer ses factures. » Il n’y a donc pas d’autre choix que de financer un projet d’achat d’une moto pour pouvoir joindre les deux bouts. Marc, père de famille et diplômé en droit des finances, vit à Bonamoussadi. N’ayant pas trouvé d’emploi dans son domaine, il a dû se tourner vers la moto pour subvenir aux besoins de sa famille.
Bien que ce secteur soit le plus sollicité par obligation, il reste une bouée de sauvetage face au chômage. Cependant, cela ne valorise pas un diplômé qui a investi temps et énergie pour acquérir des compétences. Samuel, jeune diplômé en management des entreprises, a consacré son énergie à développer un projet entrepreneurial, mais faute de financement, il conduit la moto pour économiser et concrétiser son projet plus tard.
Face à l’inflation des produits de première nécessité, certains se lancent dans la moto-taxi pour arrondir les fins de mois, car il est difficile de joindre les deux bouts. C’est aussi le cas de Daniel, diplômé en informatique, qui, après avoir travaillé comme technicien informatique et vacataire dans un lycée, devient chauffeur de moto-taxi pendant ses heures libres pour compléter ses revenus et épargner.
Le gouvernement a mis en place des programmes comme “Youth Connect Cameroon” et des initiatives du ministère de l’Économie, visant à créer des emplois et soutenir l’inclusion économique. Cependant, malgré ces efforts, de nombreux jeunes se sentent abandonnés, sans suivi, et commencent à perdre espoir. L’État, tel un père qui ne tient pas ses promesses, est devenu pour ces diplômés un “briseur de rêves”. En attendant des solutions concrètes, ces jeunes diplômés continuent de se battre pour un avenir meilleur.