Le fondateur de Lord’s Favoured Services, se distingue dans le secteur audiovisuel camerounais par son engagement envers l’innovation et l’excellence. Fort de dix ans d’expérience dans les médias, il partage sa vision et les défis de son entreprise, qui ambitionne de s’imposer sur la scène mondiale tout en valorisant le potentiel local.
1. Pouvez-vous nous parler de la génèse de Lord’s Favoured Services ?
En 2019, j’ai décidé de me lancer dans l’entrepreneuriat pour améliorer ma situation financière. J’ai fondé Lord’s Favoured Services, une startup à l’ESSTIC, où j’offrais à mes camarades des services variés comme la photographie, la traduction, la rédaction, l’infographie et la production de contenus audiovisuels à des tarifs très compétitifs.
2. Quelles sont les principales missions de votre entreprise et comment se démarque-t-elle dans le secteur de la production audiovisuelle ?
Les principales missions de Lord’s Favoured Services sont celles-ci : produire du contenu audiovisuel de qualité à destination des médias locaux et internationaux, des films institutionnels et d’autres produits numériques et médiatiques. Nous accompagnons aussi des jeunes dans le secteur et aspirons à grandir ensemble dans la traduction, l’interprétation, la rédaction et le design. La distinction est déjà assez claire : nous travaillons avec une flexibilité linguistique incontestée. Le bilinguisme camerounais y est parfaitement représenté. Il y a un véritable travail de profilage linguistique qui se fait chez nous et la couleur vocale est d’importance capitale.
3. Quels sont les services que vous offrez ?
Nos services sont : la production de reportages et documentaires, la traduction, l’interprétation, le montage radio et télé, la vidéographie, la photographie, la rédaction de textes et d’articles divers, la voix off et la modération d’évènements. Nous accordons une place de choix au digital et donc prônons une production accélérée et professionnelle à base de smartphones.
4. Quel est l’impact des technologies récentes sur votre façon de travailler, notamment en matière de livestreaming ?
Nous sommes à l’ère de l’IA et ses effets, tant positifs que négatifs, se ressentent à tous les niveaux. Avec l’IA, on peut désormais rédiger des séquenciers et des scénarios pour documentaires en un clin d’œil, mais attention à la paresse et à la passivité du cerveau, car l’IA n’est pas créative ni innovatrice à 100%. C’est, le plus souvent, un copié-collé des idées préconçues et jugées idéales par des canaux qui ne respectent pas toujours ce que l’on veut exprimer. Dans le live-streaming, vous savez tout comme moi, que nous avons un énorme problème de connexion en Afrique en général et au Cameroun en particulier. La bande passante n’est pas optimale. On parle parfois de 4 et 5G, mais la réalité est tout autre. Avec l’IA, c’est beaucoup mieux surtout avec les technologies mises sur pied par Starlink qui permettent de se connecter via satellite directement.
5. Pouvez-vous nous parler de votre expérience dans les médias et comment elle influence votre travail actuel ?
L’expérience dans les médias. Je compte dix années dans le métier depuis la radio Siantou jusqu’à Hémisphère. J’ai occupé les postes de reporter, rédacteur en chef, chroniqueur, pigiste, correspondant, présentateur, grand reportage ou journaliste d’investigation. J’ai encore beaucoup à apprendre, à découvrir, mais travailler pour Hémisphère m’a ouvert à une plus grande expérience du métier, avec des challenges importants comme la production des enquêtes pour Canal +. Cette exposition à l’international a beaucoup impacté ma façon de travailler ; le process, la technique, la rigueur etc.
6. Quels défis avez-vous rencontrés dans le développement de votre entreprise et comment les avez-vous surmontés ?
Bon, les défis il y en toujours, notamment celui du capital. Débuter une startup en tant qu’étudiant n’est pas chose aisée. Déjà, il fallait se battre pour avoir de quoi manger ou payer le loyer et voilà qu’il fallait aussi avoir le matériel, même précaire, pour travailler. Par la grâce de Dieu, je sais faire avec le peu que j’ai. Alors, avec un laptop, un smartphone et une enceinte basique, j’ai commencé à effectuer des tournages et des montages (radio et télé) pour les camarades. Je faisais des photos à 500frs l’unité, parfois moins, avec un smartphone et curieusement, les gens payaient. Dieu est grand ! Parfois, il fallait louer la caméra professionnelle d’un ami gabonais à bon prix. Et vu ma polyvalence, je pouvais compter sur mes travaux de Maître de cérémonie et de traducteur/interprète pour financer certaines activités. L’aide des amis, je ne peux l’oublier, m’a été capitale. Le soutien, la promotion gratuite de bouche à oreille, la disponibilité des promotionnaires et par-dessus tout la grâce de Dieu.
7. Y a-t-il un projet ou un événement particulier dont vous êtes le plus fier ? Pourquoi ?
Mon plus grand contrat jusqu’ici est la couverture de la Conférence ministérielle sur le paludisme organisée du 4 au 6 mai au Palais des congrès de Yaoundé par l’OMS. Le ministre camerounais de la santé y était, ainsi que l’ancienne directrice générale de l’OMS en Afrique. En fait, nous avions été recommandés par une agence internationale et après des pourparlers, ils nous ont offert le contrat. Nous avons assuré le live-streaming de l’événement et sa diffusion sur YouTube ainsi que la photographie. Avec une équipe de 5 personnes et du matériel de qualité, tout s’est bien passé et notre client ne fut pas déçu. Je suis très fier de ce travail parce que je suis parti de monter des vidéos estudiantines à 2500 FRS pour assurer la couverture d’une conférence de l’OMS. Et vous savez, c’est toujours bien de travailler avec ceux venus d’ailleurs.
8.. Comment voyez-vous l’avenir de l’audiovisuel et du live streaming dans les prochaines années ?
Avant, faire du live-streaming demandait beaucoup, mais aujourd’hui, on en voit un peu partout ; sur Facebook, Insta ou LinkedIn, chacun peut le faire. Il suffire d’avoir un peu de data et le tour est toujours, surtout que ces plateformes ont facilité l’aspect technique de la chose. Mais c’est pour des individus particuliers ça. Assurer le live-streaming des grands événements exigera toujours une connexion haut débit, stable et fiable, une bande passante optimale et une fibre optique adéquate. Donc, je pense que nous allons encore un peu grincer les dents. Pour ce qui est de l’audiovisuel, je suis très optimiste. Il y a du talent au Cameroun. Beaucoup de talents. Des gens qui, avec respect mais sans complexes, veulent en découdre avec la vieille école et apporter leur touché d’innovation dans le domaine. La radio de papa doit vraiment mourir, mais aussi et surtout sa télé. En mettant les bonnes personnes à leurs places et en laissant prôner le mérite et l’excellence, je ne vois pas comment le Cameroun n’aura pas les meilleurs plateaux et contenus audiovisuels de l’Afrique.
9.. Quelles sont vos aspirations pour Lord’s Favoured Services dans les années à venir ?
Mes aspirations pour Lord’s Favoured Services … travailler avec plus d’organismes internationaux, démontrer que le Cameroun peut aussi. Vous avez certainement remarqué qu’en Afrique, le hub médiatique anglo-saxon par excellence c’est le Kenya. CGTN, REUTERS, CNN, BBC, pour ne citer que ceux-là, y ont tous construit des sièges. L’Afrique centrale est très souvent considérée comme le dernier des sous régions médiatiques africaines. Or, n’avons-nous pas de très grands journalistes camerounais dont le monde entier est fier ? Lord’s Favoured Services voudrait aussi que les médias internationaux anglophones se penchent sur le Cameroun. Mais cela demande beaucoup de travail, de bonne volonté et la grâce du Seigneur Jésus-Christ. Nous travaillons. Nous regardons ce qui se fait ailleurs et nous essayons d’innover afin de les attirer. Cela ne veut pas dire que nous n’avons pas notre propre narratif de ce qui se passe chez nous. Nous cherchons simplement à créer de meilleures conditions de travail pour nous…