Le promoteur de Family Club, partage sa vision et ses initiatives pour renforcer les familles au Cameroun. Depuis sa création, l’association se consacre à la promotion de la santé, de la paix et du développement. Dans cet entretien, il évoque les actions concrètes de Family Club, les défis rencontrés, et son espoir pour l’avenir des droits de la famille.
Pouvez-vous nous parler de Family Club et de sa mission principale ?
Family Club est une organisation de la société civile de droits camerounais spécialisée sur les questions de promotion des bonnes valeurs sociales liées à la santé, la paix et le développement. Family Club a été créé en 2011 et est officiellement reconnu en 2012 à la préfecture du Mfoundi à Yaoundé.
Quelles sont les initiatives clés que votre association a déjà mises en place pour promouvoir les droits de la famille ?
Family Club travaille de manière proactive pour renforcer les familles en se concentrant sur la santé, la paix et le développement. En formant les jeunes dans des domaines agricoles et en leur offrant des compétences pratiques, nous aidons à créer des opportunités économiques. De plus, nos partenariats avec le ministère de la santé publique pour lutter contre les maladies évitables et la promotion de la santé sexuelle sont essentiels pour assurer le bien-être des familles. Nos interventions en zones de crise montrent également un engagement fort envers la paix et la réhabilitation des communautés affectées. C’est un travail admirable et crucial pour le développement social et économique.
Comment votre expérience en tant que journaliste impacte t – elle ou influence votre travail dans Family Club ?
Family Club se concentre sur des activités de communication pour promouvoir des pratiques sociales positives. Avec une équipe formée en journalisme et communication, nous développons des stratégies innovantes pour engager la population, même dans des contextes sensibles comme celui de Boko Haram. Nous avons lancé le projet « Pour la Patrie, donne ta voix », utilisant des chansons comme outils de plaidoyer. Cela a attiré l’attention de partenaires tels que l’USAID, qui a financé onze initiatives pour aider les familles touchées. Nous avons également créé un document de référence sur la famille et la lutte contre l’extrémisme violent, compilant les expériences des familles dans les zones de crise. Nos efforts sur les réseaux sociaux, comme Facebook et Twitter, renforcent notre communication et notre impact.
Comment évaluez-vous l’impact du Family Club sur votre communauté ? Est-ce que vous avez des exemples concrets à partager ?
Les formations professionnelles du Family Club ont eu un impact significatif sur les jeunes, qui ont ouvert des salons de coiffure, fabriqué des tapis et du savon. Par exemple, des jeunes formés à la fabrication de savon à partir d’épluchures de manioc ont vu leur travail reconnu. En matière de santé, nous organisons des foires de dépistage gratuites pour des maladies comme le VIH et le cancer, et nous accompagnons le ministère de la santé dans la promotion de la vaccination. Nos efforts nous ont valu le prix « Immunization Champions Award » pour notre engagement contre l’hésitation vaccinale et pour la vaccination contre le cancer du col de l’utérus et la COVID-19. L’impact de nos activités se manifeste par l’augmentation des partenariats et de l’engagement communautaire, témoignant de la reconnaissance de notre travail.
Dans l’exercice de vos fonctions à Family Club, quelles sont les difficultés auxquelles vous êtes confrontés ?
Je ne dors presque pas, jonglant entre les projets avec l’UNICEF et la gestion de 2400 volontaires sur le terrain. Avec des équipes dispersées dans des zones difficiles d’accès, je dois constamment répondre à leurs besoins, tout en gérant ma vie de famille avec quatre enfants. Cela génère une charge mentale importante.
Comment l’institut de formation professionnelle « Future Institute » prépare-t-il les étudiants aux métiers de demain et quels sont les domaines dans lesquels vous formez ?
Au sein de notre institut, nous offrons 19 filières de formation, allant des énergies renouvelables à la production audiovisuelle, en enseignant en langue maternelle pour mieux toucher ceux qui n’ont pas eu accès à l’école. Notre approche a été reconnue par le ministère de l’Emploi, soulignant l’importance de former en local. Nous préparons aussi des formations en français et anglais pour des filières nécessitant une interaction avec le monde extérieur. L’idée est de rendre l’éducation accessible et pertinente, même dans les villages, afin d’éviter que les jeunes n’aient à quitter leur environnement pour se former.
En quoi le développement durable est-il intégré dans les formations que vous proposez aux étudiants ?
À l’IFP Future Institute, nous proposons une filière en énergie renouvelable dans un village entièrement électrifié par le soleil. Cet environnement favorise le développement durable. Nous formons des jeunes en production agricole et transformation, avec des techniques respectueuses de l’environnement, comme la fabrication d’insecticides à base de feuilles de Nîmes. Nos pratiques incluent un champ expérimental sans engrais ni pesticides, produisant des légumes locaux. Nous enseignons à nos jeunes à créer de la richesse tout en intégrant le développement durable.
Avez-vous des projets ou des évènements sur lesquels vous travaillez actuellement ?
Nous préparons une foire de santé et des journées nationales d’engagement communautaire, ainsi que le projet « Peace Factory », qui vise à partager des solutions traditionnelles pour résoudre les conflits familiaux. En partenariat avec des organisations comme la Clinton Health Access Initiative et UNICEF, nous avons également mis en place un institut supérieur de gouvernance locale proposant des cours en ligne. Le projet Peace Factory se concentre sur la promotion de la paix à travers une bibliothèque en ligne, documentant comment nos familles résolvaient autrefois les conflits sans avoir recours aux tribunaux. Nous produisons des contenus valorisant la paix et partageons des bonnes pratiques au sein de la communauté. Actuellement, nous collaborons avec UNICEF et la Clinton Health Access Initiative sur des initiatives liées au HPV. Nos activités visent à promouvoir le changement social.
Quel conseil pour les jeunes qui souhaiteraient s’engager dans le domaine du droit, de la paix, de la santé et du développement durable ?
Je leur dirai : « Aimez-vous et aimez les autres. Si vous ne vous aimez pas, vous ne pouvez rien accomplir de bon. Prenez soin de vous, car la santé est essentielle pour réussir. Si vous n’êtes pas en paix, comment parler de paix aux autres ? Organisez votre vie pour être stable et en paix, même si vous partez de zéro. Il est important d’avoir des objectifs clairs et de ne pas jalouser les réussites des autres. Beaucoup de jeunes souffrent de la haine au lieu de cultiver l’effort. Ne blâmez pas les autres pour vos échecs, mais concentrez-vous sur votre travail. Soyez respectueux et apprenez à tirer des leçons de vos expériences. Rêvez avec vos moyens, qui ne sont pas forcément financiers. Vous devez être en bonne santé, courageux et résilient pour affronter les défis. Les réussites attirent l’aide, pas les échecs. Investissez d’abord en vous-même, car votre détermination est la clé de votre succès. Travaillez dur, et les opportunités viendront à vous. »
Quelle est votre vision personnelle concernant l’évolution des droits de la famille et de la paix dans les prochaines années au Cameroun ?
Le Cameroun doit adopter le code de la famille pour avancer. Les droits de l’homme ont évolué, mais ils sont parfois détournés pour nuire aux autres. Il est crucial de comprendre que nos droits s’arrêtent où ceux des autres commencent. L’éducation est essentielle pour respecter ces droits et promouvoir un environnement de paix. Sans une diffusion des valeurs de paix et de justice sociale, les conflits persisteront. Les riches ne doivent pas monopoliser les ressources, car cela peut créer des tensions. Il est important de contribuer à un environnement favorable à tous pour éviter les crises, surtout concernant l’accès aux ressources vitales. Si chacun sent qu’il a quelque chose à perdre, la paix sera plus facilement préservée.
Sur une échelle de 1 à 10, on peut juger que nous sommes actuellement à quel niveau concernant l’évolution de ces notions-là dans l’environnement ?
Je n’ai pas d’éléments techniques pour une évaluation chiffrée de la liberté au Cameroun, mais nous sommes au-dessus de la moyenne en termes de liberté d’expression et de mouvement. Cependant, il existe des abus, comme la construction illégale sur des terrains publics. Malgré cette liberté, des améliorations sont nécessaires pour combattre la corruption et garantir les droits de chacun. La vraie question n’est pas l’absence de liberté, mais plutôt que l’argent achète des choses qui ne devraient pas l’être, sans toutefois pouvoir acheter la paix intérieure. Éduquer la population sur la conscience et l’intégrité morale pourrait réduire les problèmes. Si chacun était conscient de ses actions, même la loi ne serait pas nécessaire. En renforçant ces valeurs, on pourrait aussi faciliter l’entrepreneuriat, qui souffre de barrières non liées aux compétences.