Le producteur audiovisuel et coach de vie, partage son parcours inspirant autour de son film L’odyssée fabuleuse, qui retrace l’exploit des
Lions Indomptables lors de la Coupe du Monde 1990. Sélectionné pour le Festival Écrans Noirs. Il évoque ses motivations, les défis de la
production au Cameroun, et l’importance de préserver l’héritage culturel à travers le cinéma.
Pourquoi l’orientation académique et professionnelle est-elle essentielle pour les jeunes d’aujoud’hui ?
L’inflation technologique liée au numérique a engendré l’émergence de nouveaux métiers, entraînant un changement de paradigme radical. Plus de la moitié des professions actuelles n’existaient pas le siècle dernier. En effet, il y a seulement 25 ans, de nombreux emplois d’aujourd’hui n’étaient pas encore imaginés. Cela incite les jeunes à prêter une attention particulière au choix de leur parcours. Il est crucial qu’ils s’appuient sur ce qui les motive plutôt que sur un métier spécifique qu’ils pourraient envisager, car ce dernier peut évoluer ou disparaître. Prenons l’exemple de l’intelligence artificielle, qui transforme profondément la société. Un jeune qui, il y a dix ans, aspirait à un certain métier pourrait ne pas le retrouver sur le marché de l’emploi. Cependant, si sa passion pour ce domaine l’anime, il pourra explorer d’autres perspectives en s’appuyant sur cette motivation initiale.
Quels sont les principaux défis que rencontrent les jeunes dans leur orientation académique et professionnelle ?
Beaucoup de parents projettent leurs rêves sur leurs enfants. Un jour, lors d’un voyage en bus, un homme m’a approché après m’avoir vu organiser une bourse de l’emploi. Il m’a présenté son fils, fraîchement diplômé du bac. Je lui ai demandé ce qu’il voulait faire ensuite, et il a répondu qu’il voulait devenir ingénieur. Quand je lui ai demandé dans quel domaine, il est resté silencieux et a regardé son père.
J’ai compris qu’il essayait de répondre aux attentes de son père. Il ne savait pas s’il voulait être ingénieur polytechnicien, agronome ou informaticien, mais son père désirait qu’il soit ingénieur. Cela met en lumière un défi majeur : les parents doivent accompagner leurs enfants sans leur imposer des choix. Ils peuvent guider, encourager et inspirer, mais ils doivent aussi être conscients qu’ils peuvent parfois être à l’origine des difficultés rencontrées par leurs enfants, en les poussant vers des carrières qui ne résonnent pas avec leurs véritables aspirations.
Quels résultats concrets espérez-vous voir chez les participants de votre Masterclass ?
Le résultat attendu est que les jeunes qui participeront s’approprient les outils essentiels du marketing que je vais leur présenter. Proposer ses compétences à une entreprise, c’est se considérer comme une marque. Être une marque signifie que vous avez de la valeur pour quelqu’un, pour un groupe ou une organisation. Prenons l’exemple de Mercedes ou Dior : vous ne verrez pas facilement une Mercedes en taxi dans les rues de Yaoundé ou de Douala, tout comme personne ne vaporiserait du parfum Dior sur son animal de compagnie.
La question de la marque est cruciale pour tous les produits et services, mais elle est souvent négligée dans le cadre du personal branding. Pourtant, cela devrait commencer par nous-mêmes. Beaucoup de jeunes, ou même des adultes, se retrouvent à parler de sujets variés à la télévision, par exemple, chaque dimanche. Il est impossible d’être omniscient et spécialiste en tout, ce qui indique un problème de positionnement.
Il est donc essentiel que les jeunes comprennent, grâce au marketing, qu’ils peuvent choisir un métier et s’y consacrer pleinement. Même s’ils souhaitent diversifier leurs activités, ils devraient le faire en restant ancrés dans leur cœur de métier. Par exemple, un journaliste qui se lance dans un autre domaine devrait veiller à ce que cette nouvelle activité intègre une part de journalisme, car c’est sa passion, son « violon d’Ingres ».
Pouvez-vous expliquer le concept de la Bourse du livre 2.0 ?
Je l’expliquais récemment à un jeune homme qui est venu de Douala par bus. Il voulait comprendre comment je pouvais mettre en place un concept de 5 francs le livre par jour, en location. Je lui ai demandé combien il avait payé pour son voyage de Douala à Yaoundé. Il m’a répondu 3500 francs. Je lui ai expliqué que ces 3500 francs ne couvraient qu’un seul voyage, et qu’il avait un fauteuil qui lui appartenait pour la durée du trajet. S’il voulait repartir à Douala avec le même bus, il devrait encore payer 3500 francs.
Le concept de prêt de livres avec option d’achat fonctionne de la même manière. Si l’on obligeait chacun à posséder un véhicule pour faire le trajet Douala-Yaoundé, très peu de gens le feraient, et même ceux qui le pourraient n’auraient pas les moyens de le faire. Posséder tous les livres nécessaires dans sa bibliothèque n’est pas une nécessité non plus. Ce qui est essentiel, c’est d’avoir accès à une bibliothèque ouverte, tout comme les taxis sont accessibles à tous. On paie pour la destination, puis on peut emprunter un autre taxi. C’est exactement le même principe que je propose dans le domaine du livre.
Quel impact espérez-vous avoir sur la culture littéraire des plus petits grâce au concours national du livre ?
À travers le concours de lecture, mon objectif est de susciter le goût de la lecture chez les jeunes enfants. Aujourd’hui, avec l’inflation technologique et la présence omniprésente des smartphones, il est difficile de trouver quelqu’un qui n’interagit pas avec son appareil 40 à 50 fois par jour. Si vous utilisez votre smartphone pour lire un message, écrire, téléphoner, consulter l’heure ou regarder un film, il y a probablement un enfant à vos côtés qui vous observe. À cet âge, les enfants sont comme des éponges, ils imitent systématiquement ce que font les adultes, surtout leurs parents.
C’est donc une manière d’attirer l’attention sur le fait que, si rien n’est fait, dans 5 ou 10 ans, il pourrait ne plus y avoir de lecteurs de livres. Ce serait vraiment dommage de tourner le dos à 80 % des richesses que le livre peut apporter en termes de connaissances, de divertissement, d’ouverture d’esprit, de découvertes et d’apprentissages. Pour moi, c’est une mission. Quand je vois l’émotion et les résultats que cela génère, je me dis que la Providence m’a donné cette opportunité. Je souhaite poursuivre cette démarche aussi longtemps que possible, car je crois sincèrement qu’il est essentiel de promouvoir la lecture.