Le promoteur d’Eduk médias revient sur le parcours réalisé par son initiative et la vision qui encadre cette dernière.
Par Paul Melvin
Comment avez-vous réussi à mener un tel projet malgré des obstacles qui ont pu se présenter ?
Le premier obstacle est que je suis tombé face à la réalité qu’est le problème de la mauvaise utilisation d’internet ; ce qui était énorme. J’étais presque impuissant face à ce phénomène. Je me suis donc décidé de créer une association avec des amis et certains professionnels des médias, du monde de l’éducation. C’est ainsi qu’avec plusieurs de ces amis qui m’ont rejoint, nous avons pu débuter un ensemble d’activités. C’était assez difficile notamment sur le plan financier. Nous avons ainsi réorienté nos activités et nous nous sommes plus appesantis sur les enseignants et aussi les leaders d’organisation de la société civile et des associations de jeunesse. Ceci parce que nous avons estimé que nous pouvons faire peu de travail en touchant ces personnes mais avoir un résultat meilleur puisque ces enseignants ou leaders étant touchés vont par la suite toucher aussi un grand nombre tant dans l’enseignement que dans la communauté.
Qu’est-ce qui vous a fait persévérer ?
Ce qui nous a fait continuer est que beaucoup de parents ont apprécié l’initiative. Plusieurs chefs d’établissement en faisaient la demande. On a compris que l’activité ou la tâche que nous faisions était nécessaire et cela nous a motivés à continuer notre travail. La deuxième chose aussi est que certaines organisations internationales se sont intéressées à nos activités. C’est le cas par exemple de l’Unesco qui a permis en 2019 que nous menions un travail avec les étudiants en communication et d’autres scientifiques pour promouvoir l’éducation aux médias.
En 2020, ils nous ont mis dans un projet de vaste formation de leaders de la société civile de toutes les régions du Cameroun dans un projet appelé Corona virus fact financé par l’Union Européenne et cela nous a permis de continuer sereinement vu que nous étions reconnus et avions les moyens financiers et matériels pour pouvoir continuer à mener cette activité.
A ce jour, quel est le bilan que vous pouvez déjà dresser ?
Le bilan est assez énorme. Dès 2017, nous avons mené des sensibilisations dans beaucoup d’établissements dans plusieurs régions. Nous avons eu des partenariats avec l’Unesco, l’UE, l’OIF, Roch agency, la Commission Nationale pour la Promotion du Bilinguisme et du Multiculturalisme qui nous ont également permis d’aller partager notre expérience à l’international notamment au Burundi, en Côte d’Ivoire, au Burkina Faso. Nous avons été invités dans plusieurs conférences nationales et internationales comme expert ; autant de chose qui peuvent nous faire dire que nous sommes sur le bon chemin et que nous avons fait du bon boulot jusqu’à présent.
Quel retour recevez-vous des jeunes et professionnels de médias que vous formez ?
Il y a eu beaucoup d’appréciation. Nous avons eu beaucoup de sollicitation et nous n’avons même pas pu honorer toutes ces invitations, car, il y en avait tellement. Nous avons ressenti un appel de la communauté pour trouver des solutions à ce problème qui mine la société à travers l’utilisation des réseaux sociaux mais également la nécessité d’utiliser ces médias pour pouvoir se développer sur le plan économique et personnelle.
Des perspectives pour l’avenir ?
Notre but ultime est de voir dans l’avenir l’éducation aux médias et à l’information être inscrit dans les politiques publiques au Cameroun. C’est d’ailleurs pour ça que j’ai eu à faire une formation avec l’OIF à l’Université Senghor d’Alexandrie sur la conception et la mise en place des politiques publiques en faveur de la jeunesse dans le but de proposer l’éducation aux médias comme politique publique. Il faudrait donc qu’on retrouve l’éducation aux médias dans les programmes scolaires de façon autonome. L’autre chose c’est qu’ayant déjà commencé à partager notre expérience dans la sous-région Afrique central, nous somme en voie de continuer ce travail et aider nos frères africains qui voudraient connaitre ce que c’est que l’éducation aux médias et comment l’implanter dans les politiques publiques éducatives et dans les communautés.