100 numéros après, le journal né d’une idée qui s’est contaminée à des esprits nourris, puis à des talents assumés est devenu un label. Rien ne lui aura cependant été épargné dans son évolution, des épisodes que le témoin d’une histoire ne peut se garder de donner, pour enrichir le temps et l’histoire.
« Bonjour chers aînés, j’en ai parlé avec un certain nombre de personnes, et je suis conforté dans l’idée de créer un journal consacrée à l’actualité estudiantine, je veux votre soutien ». À l’instant, la phrase de ce jeune homme élancé, aux lunettes et au costume gris à fait rigoler quelques jeunes demoiselles attablées non loin de la salle D1 de l’Esstic, qui abrite la salle de journalisme 2. Créer un journal, quiconque aura fait un cours de presse écrite, sait que cela relève de l’impossible miracle, dans un contexte aussi noir que celui de l’évolution des médias au Cameroun. Cela est encore plus difficile pour un étudiant, fut-il le plus riche.
Le fou rire avait aussi laissé place à des interrogations, puis à des débats, aux divers penchants. Et puis, des esprits, déjà moulés à la plume maison par 237campus.com avaient décidé de ne pas se dérober devant une utopie calquée d’autant d’envie et d’espoir. Boris Landry Kouekam, le jeune homme rendu fou par son rêve n’allait pas le partager seul très longtemps, car vite rejoint par des journalistes morts de la faim de montrer qu’ils sont à la bonne école, et qu’ils peuvent dresser leur talent sur du papier pour faire rêver, pour faire comprendre, pour éduquer. De l’idée d’un homme, vient une équipe de rêveurs prêts à coucher sur du papier ce qui frémissait dans leurs têtes, et ceci ne tarda pas.
Un numéro, puis deux, puis trois et le train prit définitivement les rails pour ne plus s’arrêter. A chaque gare, des passagers qui descendent, mais de nouveaux clients qui embarquent avec la même passion de voyager, et le désir d’embellir leur passage dans ce wagon de l’Excellence, où ils côtoient des noms qui toquent au portail de la renommée, à l’instar d’Arnaud Nicolas Mawel et Paul Reinhard Wandji, les soldats de la première heure, ou encore Franck Boris Nkengue le gardien du temple.
100 éditions plus tard, l’Etudiant n’est plus le petit journal qui fut bâti jadis pour l’Esstic et son actualité. Il dépasse les cimes, et s’impose au lecteur averti, qui se retrouve dans la plume disciplinée au talent et à l’excellence du traitement de l’information. Je ne suis certainement pas revenu sur les filles qui avaient éclaté de rire, devant ce rêve, et qui en furent, ironie du destin, parmi les fines rédactrices. Comme quoi, quand le rêve est porté par l’ambition et le travail, il se contamine même aux plus sceptiques. Aujourd’hui, l’Etudiant a sa renommée. Une référence qui s’est bâtie sur le dos de l’excellence, qui s’est bonifiée sous nos yeux hagards et par l’encre du professionnalisme. Ce regard fondateur est resté, et il survivra aussi longtemps que des hommes sauront le porter.