Dès ce 4 octobre 2022, jour de rentrée académique, environ 157 405 nouveaux bacheliers font leur entrée dans les 11 universités d’Etat et les 410 instituts privés au Cameroun. Ils s’ajoutent aux 551 206 anciens étudiants.
Le compte à rebours est bouclé, ce mardi est jour de rentrée. Ce 4 octobre 2022, les 11 universités d’Etat et les 410 instituts privés d’enseignement supérieur reprennent officiellement les activités pédagogiques au Cameroun. Pour cette rentrée académique de l’année 2022-2023, environ 708 611 étudiants prennent le chemin des campus, dont 157 405 nouveaux et 551 206 anciens. Les chiffres sont de ministre d’Etat, ministre l’Enseignement supérieur.
Le Pr. Jacques Fame Ndongo les a communiqués au cours de son exposé lors du Conseil de cabinet tenu à l’Immeuble Etoile le 25 août 2022. La rencontre gouvernementale a porté sur les préparatifs de la rentrée scolaire et académique.
Au terme de ce conclave traditionnel du mois, le chancelier des ordres académiques a présenté l’effectif des enseignants qui vont encadrer ces apprenants. Ils seront 7 475 enseignants permanents dont 6 775 dans le secteur public et 700 dans l’ordre d’enseignement privé. Ces données sont contenus dans le communiqué ayant sanctionné la fin des travaux à l’auditorium des services du Premier ministre, et signé du secrétaire général de ces services, le ministre Séraphin Magloire Fouda.
Insuffisance des enseignants
Au regard de ces statistiques, les défis de l’enseignement supérieur au Cameroun cette année sont de plusieurs, en premier la gestion des effectifs. A la lecture, en confrontant le nombre d’étudiants au nombre d’enseignants, il est évident qu’il y a un gap à combler.
Chaque enseignant, sur la base de ces statistiques, aura en moyenne 94 étudiants à encadrer. Dans les trois nouvelles universités créées à Garoua, Ebolowa et Bertoua, « les activités académiques seront assurées par des enseignants affectés et en provenance d’autres universités d’Etat, auxquels seront adjoints des enseignants associés missionnaires, ainsi que des attachés d’enseignement et de recherche, conformément à la réglementation et aux usages universitaires », informe le gouvernement.
Le Minesup dit avoir pris des dispositions nécessaires pour le paiement régulier aux enseignants permanents des universités d’Etat, de l’allocation consacrée à la modernisation de la recherche.
Nécessité de moderniser l’infrastructure
Dans les universités, certaines facultés abritent des effectifs pléthoriques. Il s’agit par exemple des facultés des sciences juridiques et politiques ainsi que les facultés de lettres. Dans ces établissements et d’autres voisins, en dehors de l’insuffisance des enseignants, les infrastructures ne sont pas à la hauteur. La plupart des universités disposent des amphithéâtres allant de 200 à 1500 places assises.
Or, malgré la répartition des étudiants en groupes et par salle, les places assises ne sont pas suffisantes. Certains étudiants, les premiers qui arrivent occupent les places. Ceux qui viennent après sont contraints de rester debout ou assis par terre au niveau des allées.
Par ailleurs, certains établissements universitaires ne disposent pas des bibliothèques fournies. Celles qui sont équipées contiennent des ouvrages en majorité vieux de plusieurs décennies, ne répondant plus parfois à l’évolution des exigences académiques actuelles.
De même, dans les filières scientifiques, les laboratoires expérimentaux contiennent des équipements insuffisants, désuets, mal entretenus et parfois dépassés. Dans les écoles professionnelles, les kits d’apprentissage restent attendus.
Les enseignants et apprenants se débrouillent pour acheter chacun son matériel de travail. Plus grave encore, les étudiants dans certaines universités et grandes écoles manquent des toilettes fonctionnelles. Ils sont contraints d’aller se soulager dans la nature, autour des amphithéâtres, comme au bon vieux temps. Puis après, des odeurs envahissent les salles aux heures de cours.
Professionnalisation et employabilité
Outre ces problèmes qui attendent des solutions, d’autres défis interpellent la communauté universitaire. C’est le cas de la numérisation des enseignements. Le gouvernement de concert avec les recteurs a engagé le processus.
Mais, beaucoup reste à faire. L’adéquation formation et emploi n’est pas encore effective dans plusieurs établissements. Les universités pour la plupart continuent de dispenser des enseignements n’aboutissant à aucune profession. Ceux qui essayent de former à la profession n’assurent pas toujours l’employabilité des apprenants. Ils forment de nombreux chômeurs qui au terme de leurs études, deviennent des conducteurs de moto-taxis au quartier.
Au regard du système universitaire, le mal est profond. Il est difficile pour les bacheliers issus des filières techniques comme F3, F4, de poursuivre dans les universités d’Etat. A ce sujet, l’on se pose des questions comme le député Cabral Libii : « Notre formation poursuit quel objectif au juste ? » La réforme s’impose à ce niveau.